Appel à la mobilisation en soutien au peuple soudanais contre la dictature et la répression
5 JANV. 2019
PAR LES INVITÉS DE MEDIAPART
BLOG : LE BLOG DE LES INVITÉS DE MEDIAPART
Alors que depuis le 19 décembre 2018, au Soudan, le soulèvement contre la dictature islamiste militaire de Omar Al Bashir a repris en intensité, plusieurs collectifs dénoncent la répression féroce appellent « à la solidarité de tous et avec le peuple soudanais ».
Depuis le 19 décembre 2018, le soulèvement contre la dictature islamiste militaire de Omar Al Bashir a repris au Soudan.
Un régime génocidaire
Ce régime dont le chef est accusé de crime contre l'humanité par la justice internationale s’est fait connaître à travers le monde pour le génocide du Darfour qui a fait plus de 500 000 morts, ainsi que pour les massacres commis dans les régions des Monts Nuba et du Nile bleu. Les milices du régime ont notamment attaqué des enfants avec des armes chimiques et organisé des attaques par viols massifs dans les villages.
Révolte et Répression
Le Soudan qui a renversé deux dictatures militaires par la désobéissance civile depuis son indépendance, connaît depuis 2011 des mouvements de contestation de la jeunesse et des manifestations dans plusieurs villes, dans la continuité de la lutte contre ce régime depuis son coup d’état le 30 juin 1989.
Les manifestants demandent depuis 2011 la chute du régime. La répression a été féroce. Un millier d’étudiants arrêtés et plusieurs fouettés et torturés en 2011. Le viol et le harcèlement notamment sont des armes de répression utilisées en particulier contre les femmes. Pendant le soulèvement de septembre 2013 plus de 200 jeunes manifestants ont été tués par les balles du régime.
Les professionnels, médecins, avocats, juges, ingénieurs, manifestent auprès des jeunes et s'organisent.
Depuis le 19 décembre 2018, des manifestations massives ont lieu dans toutes les villes du Soudan. Des marches vers le palais présidentiel ont eu lieu les 25 et 31 décembre.
La politique libérale du gouvernement
La décision du gouvernement de faire passer une loi d’austérité visant à réduire le budget consacré aux services publics, la suppression des subventions nationales aux carburants ainsi que l’augmentation exorbitante des prix des produits de première nécessité, a entraîné cette série de soulèvements. Les multiples dévaluations de la monnaie et la crise de liquidité au cours des derniers mois ont été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
A la soumission aux politiques d'austérité imposées par le FMI, s'ajoute la corruption abusive du régime.
La répression continue
La répression a été sanglante dans les dernières années, des gens très jeunes sont morts. Plus de 40 personnes ont été tuées en quelques jours depuis le début du soulèvement de décembre/janvier 2018/2019.
La police tire sur les manifestants en sniper à partir des toits d'immeubles de Khartoum.
Le régime fasciste de Bashir pratique la torture sur les opposants au régime depuis 1989.
Solidarité internationale et panafricaine
La mobilisation internationale est urgente avant qu'une catastrophe politique ne se produise encore dans un pays africain.
La férocité du régime est le reflet de son extrême faiblesse. Sa chute est fortement possible et la jeunesse soudanaise, plus déterminée que jamais, affronte massivement les balles avec courage pour obtenir la liberté.
La diaspora soudanaise est mobilisée à travers le monde, y compris en France où les réfugiés soudanais organisent des manifestations et rassemblements hebdomadaires.
Une solidarité internationale forte est le seul moyen de faire pression pour que cesse la répression de nos jeunes qui meurent sous les balles du régime et de permettre que les soudanais continuent les mobilisations jusqu’à la chute du régime.
Nous appelons à la solidarité de tous et avec le peuple soudanais et à la mobilisation contre la répression des manifestants, contre le régime dictatorial et pour une véritable libération nationale.
Signataires:
Collectif Cases Rebelles
Ligue panafricaine Umoja, Section France
Mwasi collectif afro féministe
Quilombo
Sawtche collectif afroféministe
United migrants
Black lives matter UK
https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/050119/appel-la-mobilisation-en-soutien-au-peuple-soudanais-contre-la-dictature-et-la-repress
PAR LES INVITÉS DE MEDIAPART
BLOG : LE BLOG DE LES INVITÉS DE MEDIAPART
Alors que depuis le 19 décembre 2018, au Soudan, le soulèvement contre la dictature islamiste militaire de Omar Al Bashir a repris en intensité, plusieurs collectifs dénoncent la répression féroce appellent « à la solidarité de tous et avec le peuple soudanais ».
Depuis le 19 décembre 2018, le soulèvement contre la dictature islamiste militaire de Omar Al Bashir a repris au Soudan.
Un régime génocidaire
Ce régime dont le chef est accusé de crime contre l'humanité par la justice internationale s’est fait connaître à travers le monde pour le génocide du Darfour qui a fait plus de 500 000 morts, ainsi que pour les massacres commis dans les régions des Monts Nuba et du Nile bleu. Les milices du régime ont notamment attaqué des enfants avec des armes chimiques et organisé des attaques par viols massifs dans les villages.
Révolte et Répression
Le Soudan qui a renversé deux dictatures militaires par la désobéissance civile depuis son indépendance, connaît depuis 2011 des mouvements de contestation de la jeunesse et des manifestations dans plusieurs villes, dans la continuité de la lutte contre ce régime depuis son coup d’état le 30 juin 1989.
Les manifestants demandent depuis 2011 la chute du régime. La répression a été féroce. Un millier d’étudiants arrêtés et plusieurs fouettés et torturés en 2011. Le viol et le harcèlement notamment sont des armes de répression utilisées en particulier contre les femmes. Pendant le soulèvement de septembre 2013 plus de 200 jeunes manifestants ont été tués par les balles du régime.
Les professionnels, médecins, avocats, juges, ingénieurs, manifestent auprès des jeunes et s'organisent.
Depuis le 19 décembre 2018, des manifestations massives ont lieu dans toutes les villes du Soudan. Des marches vers le palais présidentiel ont eu lieu les 25 et 31 décembre.
La politique libérale du gouvernement
La décision du gouvernement de faire passer une loi d’austérité visant à réduire le budget consacré aux services publics, la suppression des subventions nationales aux carburants ainsi que l’augmentation exorbitante des prix des produits de première nécessité, a entraîné cette série de soulèvements. Les multiples dévaluations de la monnaie et la crise de liquidité au cours des derniers mois ont été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
A la soumission aux politiques d'austérité imposées par le FMI, s'ajoute la corruption abusive du régime.
La répression continue
La répression a été sanglante dans les dernières années, des gens très jeunes sont morts. Plus de 40 personnes ont été tuées en quelques jours depuis le début du soulèvement de décembre/janvier 2018/2019.
La police tire sur les manifestants en sniper à partir des toits d'immeubles de Khartoum.
Le régime fasciste de Bashir pratique la torture sur les opposants au régime depuis 1989.
Solidarité internationale et panafricaine
La mobilisation internationale est urgente avant qu'une catastrophe politique ne se produise encore dans un pays africain.
La férocité du régime est le reflet de son extrême faiblesse. Sa chute est fortement possible et la jeunesse soudanaise, plus déterminée que jamais, affronte massivement les balles avec courage pour obtenir la liberté.
La diaspora soudanaise est mobilisée à travers le monde, y compris en France où les réfugiés soudanais organisent des manifestations et rassemblements hebdomadaires.
Une solidarité internationale forte est le seul moyen de faire pression pour que cesse la répression de nos jeunes qui meurent sous les balles du régime et de permettre que les soudanais continuent les mobilisations jusqu’à la chute du régime.
Nous appelons à la solidarité de tous et avec le peuple soudanais et à la mobilisation contre la répression des manifestants, contre le régime dictatorial et pour une véritable libération nationale.
Signataires:
Collectif Cases Rebelles
Ligue panafricaine Umoja, Section France
Mwasi collectif afro féministe
Quilombo
Sawtche collectif afroféministe
United migrants
Black lives matter UK
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Le blog de Saïd Bouamama
L’œuvre négative du néocolonialisme français et Européen en Afrique. Le Franc CFA, une monnaie coloniale, servile et prédatrice
S’il est une colonie présentée comme non concernée par la question de la décolonisation, c’est bien la Réunion. Dans le roman idéologique colonial français, la Réunion étant non habitée lors de l’occupation française, elle ne saurait être considérée comme une colonie. Ce qui est occulté ici c’est la nature du lien qui relie l’île africaine et la métropole sur les plans économique et politique. La seconde image du roman est celle d’une société ayant réussie un métissage idéal en raison justement du fait que tous ses habitants soient des immigrés de plus ou moins longue date. Ce qui est masqué dès lors c’est le caractère hiérarchisé de la colonie selon un critère de couleur. L’histoire comme le présent, la géographie comme la rationalité économique pose pourtant à la Réunion comme dans les autres colonies française, la question de la décolonisation. Penser le contraire c’est réduire la colonisation à une de ses formes c’est-à-dire avoir une approche essentialiste de la question. L’approche matérialiste pose au contraire d’une part que la colonisation comme rapport social d’exploitation a pris des formes spécifiques selon les contextes locaux et d’autre part que ces formes ont été et sont évolutives en fonction des besoins du dominants et des rapports de forces. Même consentie (pour des raisons diverses allant de l’aliénation, aux préoccupations de survie immédiates en passant par l’état du rapport des forces) la colonisation reste une colonisation.
Île vierge, esclavage et engagisme
Comme en témoigne des cartes de navigation de l’époque, l’île est connue des navigateurs arabes dès le 12ème siècle sous le nom de « Dina Margabim » (île de l’Ouest). Elle sera ensuite redécouverte par les portugais qui la nommeront du nom du saint du jour de sa découverte (Santa Apollonia) en 1512, puis par les Hollandais qui la baptiseront England’s forest (les forêts anglaises en 1613). Elle portera aussi les noms anglais de « Pearl Island » (Du nom du premier bateau anglais qui y accoste) et français de « Grande Mascareigne » et « d’Île Bourbon » avant d’hériter de son nom actuel en 1794 en référence à la réunion des États-généraux. L’Île est au moment de ces découvertes non habitées et pendant des décennies elle ne reste qu’une escale de ravitaillement pour les différentes puissances. Ce n’est qu’à partir de 1638, sous le ministère du Cardinal Richelieu qu’arrivent les premiers colons. Ceux-ci sont matelots, ouvriers ou soldats que les vaisseaux français laissent sur l’île pour y former une station de ravitaillement sur la route de l’Inde. L’immigration française ne fut jamais massive. Ce lien avec la route des Indes est confirmé par son statut : c’est en effet la Compagnie des Indes Orientales qui gère la colonie comme suit :
La Compagnie y organise une base de ravitaillement pour ses bateaux trafiquant avec Pondichéry : elle demande aux colons […] de fournir des vivres frais. Aidés d’esclaves malgaches, puis africains, les « habitants » élèvent de la volaille, des porcs, des bœufs […] ; ils cultivent le blé, les légumes d’Europe, le riz, les plantes tropicales : le riz, la canne à sucre, dont le jus fermenté, ou forangorin remplace le vin trop couteux[i].
La découverte d’un caféier sauvage puis le succès de l’acclimatation du moka vont ouvrir un nouvel âge de la colonisation. La compagnie développe la colonisation en offrant des terres contre une redevance en nature c’est-à-dire en café qu’elle commercialise ensuite. Elle multiplie dans le même temps l’importation d’esclaves pour l’économie de plantation qui s’installe durablement. La concurrence du café antillais poussa les colons à se reconvertir dans de nouvelles productions, toujours centrées sur les produits d’exportations : cannelier, cacaoyer, giroflier, muscadier puis vanillier. Cet âge des épices cède le pas à celui de la canne à sucre dès le début du 19ème siècle pour les mêmes raisons lucratives. La superficie consacrée à la canne passe ainsi de 27 000 hectares en 1851 à 56 000 ha en 1855 et 62 500 ha en 1860. A cette dernière date on compte déjà 116 usines fournissant 68 469 tonnes de sucre[ii].
Le développement d’une monoculture de canne spéculative explique les évolutions du peuplement. En 1715 c’est-à-dire au moment où se met en place la culture du café, la Réunion ne compte que 1500 habitants. Un siècle plus tard, la colonie compte 68 000 habitants dont 75 % d’esclaves. L’âge du sucre se traduit par un appel plus massif encore à l’esclavage : « Durant la première moitié du XIXe siècle, la rentabilité de cette culture destinée à approvisionner la métropole aboutit à un nouveau recrutement massif d’esclaves, malgré l’interdiction de la traite en 1817. On estime que 45 000 esclaves furent introduits à cette date en une vingtaine d’années, à comparer aux 80 000 pour l’ensemble du XVIIIe siècle » résume le démographe Frédéric Sandron[iii].
Dès le début de l’économie de plantation, une des formes de résistance est le marronnage ce qui provoque un manque permanent de travailleurs alimentant la demande en esclaves. « L’intérieur des massifs, inaccessibles et boisés était devenu le refuge des noirs en fuite […], contre qui la Milice se livrait de temps en temps à des expéditions punitives[iv] » résume le géographe Hildebert Isnard. L’abolition de l’esclavage est comme dans les autres vieilles colonies remplacée par l’engagisme c’est-à-dire une nouvelle forme de « servilisme[v] ». Ce sont ainsi 62 000 esclaves qui sont désormais libres et à qui on « propose » des contrats d’engagements. La plupart des esclaves refusent ces « engagements » et malgré les pressions le manque de main d’œuvre se fit cruellement sentir pour les colons. Voici comment un manuel de la colonisation restitue ce contexte en 1943 :
A la Réunion, un quart des esclaves – soit environ 15 000 – consentirent à demeurer sur les plantations à titre d’« engagés » à temps. Les autres prétendirent disposer de leur pleine liberté, affluèrent dans les villes ou vécurent de rapines dans les campagnes ; l’autorité locale résolut alors d’assimiler l’affranchi sans domicile au vagabond et lui imposa un engagement de travail ; mais la plupart échappèrent à cette obligation par la ruse et surtout par la fuite[vi].
Le manque de main d’œuvre sera compensé par un appel massif aux travailleurs immigrés à qui s’imposent le « contrat d’engagement » pour une durée de 3 à 10 ans. « L’abolition de l’esclavage en 1848 a eu comme conséquence la libération de 62000 esclaves et a été suivie du recrutement d’un nombre à peu près équivalent de travailleurs salariés en majorité venus d’Inde, que l’on appelait les « engagés » » rappelle le démographe Frédéric Sandron. Dès 1860 le nombre d’habitants se monte à 175 000. Si beaucoup d’engagés originaires d’Inde, de Chine, de Madagascar, des Comores, etc., repartent chez eux miséreux, d’autres font souche et donnent le visage multiculturel de la Réunion contemporaine.
Une autre transformation structurelle modifie le paysage réunionnais dans la période suivant l’abolition. La plantation sucrière est l’objet d’une concentration foncière qui ruine les petits planteurs et enrichie les sucreries. Les petits planteurs survivent en devenant dépendants des gros propriétaires par le biais d’un système de métayage. D’autres préfèrent rejoindre les territoires jadis occupés par les nègres marron puis les esclaves affranchis refusant l’engagisme. Ces « petits blancs[vii] » s’installent comme leurs prédécesseurs sur des terres gagnées sur la forêt. Écrivant en 1950, le géographe Isnard Hildebert résume comme suit la répartition spatiale des richesses et de la couleur de la peau : « Elle se compose [la population] d’une minorité de Blancs purs, les Créoles, où se recrutent la plupart des grands planteurs, des industriels et des fonctionnaires, et d’une multitude de métis et de gens de couleurs : employés, boutiquiers, ouvriers agricoles, colons, petits propriétaires, au sein desquelles des communautés ethniques[viii] ont gardé leur homogénéité, tels les Malabars et les « Arabes » de Bombay[ix]. »
Le caractère multiculturel et métissé de la société réunionnaise date des débuts du peuplement et ne fera que s’accentuer au fur et à mesure de l’histoire. Cependant, il serait erroné d’en conclure à une absence de hiérarchie. Au contraire une continuité de la stratification socio-raciale peut être constatée en particulier aux deux pôles opposés de la hiérarchie. Le sociologue Laurent Médéa écrit ainsi dans la quatrième de couverture d’un ouvrage qu’il a coordonné sur la place des Kaf : « Soixante-trois ans après la Départementalisation, l’île de La Réunion demeure hantée par son passé colonial et esclavagiste, tout comme la France. A La Réunion, le Kaf est avant tout Noir et montre des difficultés à assumer son histoire, alors qu’il continue à subir discriminations et racisme.[x] » Plus globalement l’anthropologue Lucette Labache décrit comme suit les rapports entre les différents groupes réunionnais : « Les Cafre, les Malbar et les Petits-blancs forment un ensemble au sein duquel l’attraction est partagée et se distribue de manière équivalente. Les Gros Blancs forment le seul groupe où les frontières restent hermétiques et partagent préférentiellement des affinités positives avec les Zoreil[xi].» En dépit d’une certaines ouvertures des « couches moyennes » aux Kaf, Malbar et Petits-Blancs la structure sociale reste une hiérarchie socio-raciale avec la spécificité d’une colorisation du groupes des petits-blancs (ceux-ci sont considérés et construits comme non-blancs par les Gros blancs et les Zoreil).
Mutations économiques et tentation de chirurgie sociale
La départementalisation a été vendue comme promesse de sortie de la colonisation et comme signe d’une politique volontariste ayant comme objectif l’égalité dans la République française. Le général De Gaulle tente par cette départementalisation de prendre en compte les mutations du contexte local et mondial tout en préservant l’empire colonial :
L’économie de plantation a démontré son incapacité à faire vivre la population, mais l’aristocratie des grands planteurs, des usiniers, reste toute puissante. Pendant trois ans personne n’a été capable d’incarner une résistance qui viendra de l’extérieur, mais presque tout le monde peut se reprocher des accommodements avec Vichy. […] En Afrique, en Asie, les liens coloniaux craquent de l’intérieur de l’Empire français, mais la Conférence de Brazzaville a prouvé dès février 1944, que si la France Combattante était prête à redéfinir certains liens, elle ne veut absolument pas démanteler l’Empire. […] Autant de signes montrant qu’en 1945-1946, on vit une période de transition, mais vers quoi ? Au profit de qui ?[xii]
La départementalisation n’est donc pas pensée comme sortie du lien colonial mais comme moyen de sauvegarde de l’empire. Elle se traduit certes par une amélioration des conditions d’existences dans de nombreux domaines mais en aucun cas par la disparition du rapport colonial. Elle se concrétise par une égalité des droits formels et le maintien d’une inégalité des droits réels. Pour qu’une telle opération de sauvetage de l’empire soit crédible, il fallait un investissement de l’État en matière de couverture sociale, d’accès à l’enseignement, à la santé, au logement, etc., c’est-à-dire une double action en termes de construction d’infrastructure d’une part et de redistribution de revenus pour les plus démunis d’autre part. Si cette politique fait accéder à la « société de consommation », elle ne change rien au lien de dépendance entre les DOM et la métropole, ni à sa traduction dans les inégalités interne à la colonie. « Le principal symptôme répétitif de la société réunionnaise et peut-être de toute société “domienne”, est le contraste entre l’immobilité permanente de la structure profonde et les changements rapides des modes de vie en surface[xiii] » résume le psychologue Jean-Pierre Cambefort.
Ces investissements de L’État français conduisent ainsi à une hausse de l’espérance de vie, à la construction de logements sociaux dotés d’un accès à l’eau courante et à l’électricité, au développement du réseau routier et aérien, à une scolarisation grandissante, etc. Ces progrès loin de signifier une logique égalitaire soulignent au contraire l’état scandaleux de la colonie en 1946 soit près d’un siècle après l’abolition de l’esclavage. De surcroît les politiques économiques structurelles mises en œuvre reproduisent les inégalités internes de la colonie au profit des Gros Blancs et des Zoreil. La « réforme agraire » initiée en 1964 par le biais de la SAFER (Sociétés d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural) se traduit rapidement en une aide à la reconversion des Gros Blancs. Des terres sont ainsi rachetées par de l’argent public aux gros propriétaires leur permettant de se reconvertir dans d’autres activités lucratives comme l’importation ou le réseau commercial. « Elle [la SAFER] leur a permis de vendre leurs terres [et prioritairement les moins fertiles] dans des conditions très favorables et d’abandonner le secteur agricole au profit d’activités plus rentables[xiv]» résume la géographe Sonia Chane-Kune.
De même les subventions de l’Union Européenne visant à la restructuration du secteur sucrier dans la décennie 70, a produit une concentration, une modernisation et une mécanisation dont une des conséquences sera le développement massif du chômage. Ces politiques structurelles françaises puis européennes ont comme effet la reproduction du rapport colonial :
L’économie sucrière moribonde est totalement assistée et maintenue artificiellement pour conserver les intérêts des communautés endogames et dominantes directement connectées au pouvoir central. L’entêtement à promouvoir la filière canne-sucre-rhum est, par excellence, le signe d’une cécité des institutions à envisager une réforme complète de l’agriculture, maintenant en place les féodalités économiques et sociales. Les intérêts monopolistiques des dynasties sucrières réunionnaises sont entretenus par tout un système de dérogations fiscales et d’exceptions négociées par les réseaux politico-économiques que ces familles entretiennent avec les ministères parisiens et le parlement européen. Car l’économie de plantation, malgré ses adaptations modernes apparentes, représente bien plus qu’une simple économie. C’est la pérennité de certains modèles ancestraux de relation sociale fondés sur la dominance et le paternalisme des notables de la terre sur une population de colons et de travailleurs saisonniers maintenus dans la dépendance et l’absence d’initiatives[xv].
La réforme agraire comme la restructuration de l’industrie sucrière se sont mises en œuvre à partir de critères au service des gros blancs et des intérêts de la métropole et de l’Union Européenne. Nous sommes bien en présence d’une économie extravertie qui reste un des signes majeurs de la logique coloniale. Un des résultats majeurs de cette logique est la production d’une « surpopulation relative» au regard des emplois que peut fournir ce type d’économie. Soulignons en premier lieu que la question de la « surpopulation relative » ne se pose pas avant la départementalisation. Avant le milieu du vingtième siècle c’est le manque de main d’œuvre qui domine et qui donne naissance d’abord à l’importation d’esclaves et ensuite à l’engagisme. Après la seconde guerre mondiale la population connaît un accroissement croissant sous l’effet de l’amélioration des conditions d’existence. Elle passe ainsi de 274 400 habitants en 1954 à 515 800 en 1982[xvi]. Nous choisissons ces deux bornes parce que c’est entre-elles que se développent un véritable projet de chirurgie sociale sur la population réunionnaise par le biais de nombreux outils : stérilisation abusive, exportation des enfants « orphelins et abandonnés », exportation des jeunes par le biais du Bumidom[xvii] (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer), importation massive de métropolitains.
La « surpopulation relative » n’est bien sûr pas analysée par les dirigeants parisiens comme une conséquence des choix économiques. Elle est abordée de manière essentialiste comme constante historique et culturelle des réunionnais. Il n’est dès lors pas étonnant que la stérilisation des réunionnaises ait pu devenir un axe de politique publique. L’excellent livre de Françoise Vergès, « Le Ventre des femmes[xviii] » révèle ce scandale portant sur 6000 à 8000 réunionnaises avortées et/ou stérilisées par an dans les décennies 60 et 70 sans leur consentement. Rappelons qu’à la même époque l’avortement est un délit en France c’est-à-dire que nous sommes en présence d’un traitement d’exception c’est-à-dire encore d’une des caractéristiques essentielles du rapport colonial.
Dans la même logique se trouve l’affaire dit des « enfants de la Creuse ». Les faits sont connus : 2150 enfants réunionnais seront déplacés en métropole entre 1963 et 1982, pour repeupler les départements touchés par un fort exode rural. Officiellement ces enfants sont « abandonnés ». Dans les faits les pratiques suivantes ont été dénoncées : « consentements extorqués à des familles illettrées, rafles dans les bidonvilles, placements d’office en foyer[xix]… ». Plus importante quantitativement l’exportation organisée de la jeunesse réunionnaise par le BUMIDOM. Le géographe Wilfrid Bertile évalue à 72 500 le nombre de réunionnais concernés entre 1963 et 1981[xx].
En parallèle l’Etat français organise l’arrivée massive de métropolitains à la Réunion. Ceux-ci passent de 37 000 en 1990 à 65 000 personnes en 1999[xxi] et 79 000 en 2006. Représentant 4.1 % de la population de l’île en 1982, ils comptent pour 10.2 % en 2015. « Une accélération s’observe depuis le début de la décennie 1960 et le nombre des Métropolitains double pratiquement d’un recensement à l’autre[xxii] » résume Wilfrid Bertile. Un véritable transfert de population dont le sens est déterminé par la couleur de la peau conduisant à une place particulière des métropolitains qui passent selon Bertile d’une « migration d’encadrement » à une migration de peuplement » : « Globalement les Métropolitains constituent une minorité dominante, un modèle social à imiter et tendent à modeler selon leur vision et leur sensibilité les réalités locales[xxiii]. »
Le contrôle du canal du Mozambique et des Îles Éparse
Un simple regard sur une carte permet de saisir l’importance géostratégique de la Réunion pour la France et plus largement pour l’Union Européenne. L’île revêt une importance particulière pour la présence française et européenne dans l’Océan Indien et pour sa proximité avec l’Afrique de l’Est (l’île se situe à 800 km à l’est de Madagascar). Cette importance militaire stratégique n’est pas nouvelle. Dès 1964 la conférence du Caire Mouvement des Non-Aligné (MNA) propose de dénucléariser l’Océan Indien pour mettre fin aux risques d’affrontements entre les deux blocs dans la région. La perte de la base navale de Diego Suarez en 1973 puis l’indépendance des Comores en 1975 renforcent encore l’importance de la Réunion. La fin de la guerre froide diminue objectivement l’importance stratégique de l’île mais ne la fait pas disparaître. La disparition de l’URSS a certes signifié pour un temps une maîtrise quasi-totale de l’Océan Indien par les USA et ses alliés français à l’Ouest et Australien à l’est. Le Monde a certes changé mais les objectifs restent les mêmes : le pétrole du Golfe et la sécurité des flux maritimes. Rapidement cependant de nouvelles puissances comme l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud ou la Russie se dotent d’une Marine conséquente et remettent en cause l’hégémonie occidentale sur cet océan. Analysant la dimension stratégique de l’île, la géographe Sonia Chane-Kune souligne :
Avec cette île, la France dispose d’une base à partir de laquelle elle peut rayonner dans une grande partie de l’océan Indien et particulièrement vers les autres territoires français de la région qui, même non peuplés, présentent un intérêt stratégique certain. C’est le cas des îles éparses, par ailleurs très convoitées, qui permettent le contrôle du Canal du Mozambique. C’est le cas aussi des Terres Australes et Antarctiques françaises qu’on avait imaginé, pour parer aux tensions suscitées par Mururoa dans le Pacifique, d’utiliser comme Centre d’expérimentation nucléaire[xxiv].
L’importance géostratégique de la Réunion se traduit par une présence militaire française conséquente, en particulier de la Marine. Le site du ministère des armées présente par exemple comme suit le rôle de la base navale de « Port des Galets » : « La base navale de Port des Galets est le troisième port militaire national. […] Elle est le principal point d’appui du dispositif opérationnel prépositionné sur le théâtre «océan Indien». Le but : disposer d’une flotte militaire opérationnelle dans cette région du globe[xxv]. » Ce sont ainsi 1900 militaires français des trois armées qui stationnent dans l’île.
Comme les autres « confettis de l’Empire[xxvi] », la Réunion porte aussi l’enjeu des Zones Économiques Exclusives. Elle s’étend pour la colonie à 315 000 km² mais se situe surtout à une place permettant le contrôle grâce aux militaires stationnés à la Réunion du canal du Mozambique et de ses « îles éparses ». L’expression désigne un chapelet de petites îles inhabitées entre Madagascar et le Mozambique occupée par la France et que revendiquent Madagascar. Le canal du Mozambique constitue un véritable eldorado pétrolier et gazier auquel donne accès les Zones exclusives des îles éparses. Telle est une des raisons essentielles de la détermination française à garder Mayotte quitte à se mettre dans l’illégalité internationale. Telle est également un des nouveaux enjeux de la Réunion pour la France. Une étude du Centre d’Étude Stratégique de la Marine daté de 2015 présente comme suit l’enjeu des ressources du canal du Mozambique :
Depuis le milieu des années 2000, de nombreuses licences d’explorations ont été accordées à des opérateurs privés et les premières remontées laissent entendre que la zone disposerait d’importants gisements pétroliers et gaziers. Les plus grandes entreprises pétrolière – ENI, Total, Exxon –sont présentes, justifiant le qualificatif de «prochaine mer du Nord». Selon les estimations, les sous-sols du canal du Mozambique abriteraient entre 6 et 12 milliards de barils de pétrole et entre 3 à 5 milliards de mètres cubes de gaz. Couvrant avec sa ZEE près d’un tiers de la superficie total du canal, la France serait donc l’un des principaux bénéficiaires de ces stocks[xxvii].
La même étude souligne également la présence d’une « densité de nodules polymétalliques au mètre-carré qui serait de 5 à 10 fois supérieure à celle enregistrée dans le Pacifique (déjà très importante puisqu’elle se chiffrait en milliards de tonnes) ».
Tertiarisation sans industrialisation : la reproduction de la dépendance coloniale sous de nouvelles formes
La préservation des intérêts des « Gros Blancs » alliés à de grands groupes industriels et la volonté de contrôler un canal du Mozambique (jadis stratégique en raison de la guerre froide et de la décolonisation et aujourd’hui en raison des gisements pétro-gaziers et en nodules polymétalliques) expliquent l’attachement de l’Etat français et de l’Union Européenne pour la Réunion. Dès la départementalisation de 1946 le choix est fait de maintenir une économie de traite coloniale c’est-à-dire celui d’un non développement de l’île. Une « tertiarisation sans industrialisation[xxviii] » résume la démographe Isabelle Widmer.
Quelques indicateurs suffisent pour illustrer le caractère colonial de l’économie réunionnaise[xxix] :
- La base productive de la Réunion est centrée sur les services et l’agriculture. Les services marchands représentent ainsi le premier secteur avec 35 % des richesses crées et 30 % des emplois en 2016. L’agriculture reste centrée sur deux secteurs : la production de sucre de Cannes et la pêche. Nous sommes bien en présence d’une tertiarisation sans industrialisation.
- Le commerce extérieur reste caractéristique d’une économie de traite. Le sucre (un quart des exportations), la pêche (un cinquième) et le Rhum sont les postes principaux à l’exportation. 62 % des exportations sont ainsi des « biens de consommation non durable » (contre 17.5 % seulement de « biens d’équipement). Les importations à l’inverse sont d’abord constituées de « biens d’équipements (30. 2 %) et de « biens intermédiaires (20.6 %).
- Les importations se déroulent quasi-exclusivement avec la France (60. 5 %) et les autres pays de l’Union Européenne (14.1 %). A l’inverse les importations des autres îles de l’Océan Indien ne comptent que pour 1% et celles en provenance d’Afrique que pour 2.2 %.
- Les exportations montrent la même réalité d’extraversion avec 35. 8 % des exportations vers la France et 22 % vers les autres pays de l’Union Européenne.
- Les transferts de fonds publics alimentent fortement la « croissance sans développement ». Ainsi les principaux postes du PIB sont la « consommation des ménages » pour 11. 75 milliards d’euros (sur un PIB total de 18.2 milliards) et la « consommation des administrations publiques » pour 6.97 milliards. A l’inverse les investissements ne comptent que pour 3. 76 milliards.
- La monopolisation du commerce et des réseaux de distributions par quelques grandes sociétés métropolitaines (Casino, Leclercq, Carrefour, Auchan) et quelques dynasties familiales réunionnaises (Caillé, Isautier, Apavou, etc.[xxx]) conduit à un accaparement non négligeable de ces transferts. Cela se traduit par un décalage des prix avec la métropole évalué à 7. 1 % par l’INSEE[xxxi].
Et pourtant, l’ampleur même de l’effort étatique dans ce contexte de sous-développement condamne la Réunion à vivre de l’assistance et à exporter ses enfants. La départementalisation a éliminé toute possibilité de création d’une bourgeoisie nationale et la plantocratie s’est transformée en classe compradore du capital commercial métropolitain. […] Incapable de créer des emplois productifs, la départementalisation gonfle le secteur tertiaire et organise l’émigration vers la métropole […] afin de pallier le chômage structurel et de désamorcer le mécontentement des jeunes, et ses retombées politiques[xxxii].
Les mutations des formes coloniales n’enlèvent rien au constat du maintien du rapport et de la dépendance coloniale.
De la Kafritude et de la Créolité à l’émergence d’une nation
Le fait que l’île soit inhabitée au moment de son occupation par les premiers français est fréquemment mis en avant pour arguer de l’absence d’une question nationale réunionnaise. Un tel argument oublie simplement que la nation est une production sociale historique ayant pour base matérielle la vie sur un même territoire. L’absence de peuple autochtone, de même que la diversité des groupes ethniques réunionnais issus de l’esclavage puis de l’engagisme, peuvent certes être des facteurs freinant l’émergence d’une conscience nationale, mais ils ne peuvent pas empêcher l’effet logique du temps et du vivre-ensemble. L’existence de rapports inégalitaires entre la métropole et sa colonie, de même que la hiérarchie prégnante entre les Métro et les Gros blancs d’une part et les autres groupes ethniques d’autre part, ne pouvaient qu’enclencher logiquement un processus de construction nationale qui pour être inévitablement long, n’en est pas moins réel.
Dans le contexte du rapport de forces mondial et français issu de la victoire contre le nazisme et de la résistance, le débat sur la départementalisation en 1946 est pour la Métropole le moyen de maintenir son empire colonial en affichant l’objectif d’une décolonisation sans indépendance. Sur l’île, il provoque immédiatement l’opposition des « Gros blancs » (et des partis de droites qui les soutiennent) qui dénoncent un séparatisme déguisé. Pour le reste de la population c’est la promesse d’une sortie de l’ère coloniale qui est retenue. « Seuls les gros planteurs sucriers sont opposés à ce projet de départementalisation de l’île[xxxiii] » souligne la géographe Isabelle Widmer. Les figures des députés réunionnais Raymond Vergès et Léon Lepervanche symbolise cette période caractérisée par l’espoir d’une égalité de traitement au sein de la République française.
La déception fut rapidement au rendez-vous tant il est vrai que l’égalité n’est pas possible dans le cadre d’un rapport colonial. Daniel Guérin dresse pour les Antilles un bilan de la départementalisation une décennie après son adoption. Celui-ci est également pertinent pour la Réunion : Fraudes électorales, répressions des mouvements sociaux, non application de la même législation sociale qu’en France, pouvoirs discrétionnaires accrus du préfet, afflux massif de fonctionnaires métropolitains, obligation de s’approvisionner en France et effet inflationniste de cette obligation, etc. Il en tire la conclusion suivante : « En fait, la loi de 1946 n’a pas fait des Antilles françaises des départements métropolitains, mais seulement des « départements d’outre-mer » c’est-à-dire des départements de seconde classe, des parents pauvres. Elle n’a produit qu’une « départementalisation » bâtarde dans laquelle subsiste une partie de l’ancienne législation coloniale, tandis que la législation métropolitaine n’a pas été introduite intégralement[xxxiv]. » Deux ans plus tôt déjà, le 26 mars 1954, Aimé Césaire dressait déjà un acte d’accusation exhaustif de la départementalisation pour la caractériser comme une « politique de duperie et de tricherie[xxxv] ».
La déception vis-à-vis de la promesse d’égalité a inévitablement des effets sur la représentation de soi, sur les identités individuelles et collectives. Ils se concrétiseront progressivement dans une affirmation identitaire réunionnaise. Cette affirmation identitaire prend d’abord des formes culturelles. Comme partout les mutations dans le rapport à la langue sont au rendez-vous. L’investissement de la langue créole est ainsi un des révélateurs d’une identité réunionnaise en construction. Langue née des brassages dès le 16ème siècle, le Créole emprunte des mots aux différents peuplements de la Réunion (français, malgache, Tamoul, etc.). Son investissement progressif à partir de la décennie soixante reflète un mouvement plus profond et plus vaste que l’ethnologue Gilles Gauvin propose d’appeler « Créolisation » :
Si les processus d’acculturation sont une réalité sociale, il ne faut pas oublier que, dans toute interaction, quelque chose de nouveau peut émerger […] À la Réunion, si la société insulaire a été, dès son origine, sujette à la volonté métropolitaine de faire assimiler les modèles culturels et sociaux français, les différentes composantes ethniques de l’île ont, en dépit de cette pression acculturatrice, à travers leurs interactions, opéré des adaptations, des ajustements, des reformulations et des résistances caractéristiques de la créolisation[xxxvi].
La traduction politique de ce mouvement culturel profond sera portée dans la décennie 60 par le Parti Communiste Réunionnais et sa revendication d’une « autonomie » pour l’île. Ce parti dirigé par Paul Vergès (Fils de Raymond Verges) est né de l’autonomisation de la fédération du PCF en mai 1959 qui a été précédée d’une série de désaccords, notamment sur la question de l’indépendance de l’Algérie[xxxvii]. « Paul Vergès prépare méthodiquement l’évolution de la fédération communiste en un parti […] Sa culture communiste présente une dimension internationaliste et tiers-mondiste susceptible de faire franchir une étape supplémentaire à l’évolution politique de la Réunion[xxxviii] » explique l’historien Gilles Cauwin. Déjà influent avant son autonomisation notamment dans le mouvement syndical, le PCR prend avec cette revendication autonomiste une place centrale sur l’échiquier politique réunionnais : « La création du Parti Communiste Réunionnais et son combat pour l’évolution du statut de l’île constituent une nouvelle donne et contraint le gouvernement à des changements d’orientations et de comportements » résume l’historien Yvan Combeau[xxxix].
Les « thèses constitutives » adoptées lors du congrès de création évoquent « une réalité typiquement coloniale », « la monoculture qui entrave le développement économique », « la discrimination raciale officiellement consacrée dans la fonction publique », « une personnalité créole » reflétant « une véritable prise de conscience d’un destin commun », le « caractère assimilateur du colonialisme français », « la lutte du peuple réunionnais[xl] », etc. Ces affirmations politiques sont accompagnées d’une affirmation culturelle avec en particulier l’utilisation de la langue Créole lors des réunions publiques. Autour du PCR se structure le camp autonomiste avec l’Union des Femmes de la Réunion (UFR), le Front des Jeunesses Autonomistes de la Réunion (FJAR), Témoignage Chrétien de la Réunion (TCR), la Confédération Général du Travail de la Réunion (CGTR), l’Union Générale des Etudiants Créoles de la Réunion (UGECR), l’Union Générale des Travailleurs Réunionnais en France (UGTRF), etc.
La dynamique autour du mot d’ordre d’autonomie à la Réunion s’articule à des dynamiques similaires dans plusieurs autres colonies. Une série de déclarations communes jalonneront les décennies 60 et 70 : En 1963 « le Manifeste de la table ronde des Guadeloupéens, Martiniquais et Réunionnais » (signé par 24 organisations politiques et syndicales des DOM et par le PSU français dont 7 réunionnaise) ; en 1968 le « Manifeste pour le droit à l’autodétermination et contre toute solution néocolonialiste[xli] » ; en 1971 la « Convention de Morne Rouge ». De manière significative cette dernière parle désormais d’ « Entité nationale » et d’« État autonome » et non seulement d’autonomie : « Ces principes fondamentaux reconnus par la Déclaration des Droits de l’Homme, la Charte des Nations Unies et le préambule de la Constitution française, conduisent les signataires de la Convention à poser : – que l’avenir statutaire des quatre territoires concernés ne saurait être considéré qu’au regard du fait national et du fait colonial ; – que ces entités nationales doivent être constituées dans le cadre juridique d’un État autonome[xlii].»
Si les revendications autonomistes se situent dans le cadre de la République française, elle reflète incontestablement une progression significative du processus de construction nationale. Celui-ci n’ira qu’en s’approfondissant au cours des décennies 70 à 90 en suivant un double axe : l’affirmation identitaire et l’articulation aux mouvements sociaux qui sont dans le contexte réunionnais logiquement et de manière indissociable des mouvements anticoloniaux. Le premier se concrétise dans une multitude de productions, d’écrits, de mouvements culturels : « La Créolie[xliii] », la Cafrité ou Kafritude[xliv], etc. Au-delà des différences et divergences le point commun est la recherche et l’affirmation d’une identité nationale.
Le second axe se traduit par de vastes mouvements sociaux qui paralysent le pays. Les émeutes dites du « Chaudron » (du nom d’un quartier de Saint-Denis) en février et mars 1991 suite à l’interdiction de la chaine de télévision illégale « Télé freedom » se soldent par huit décès dans l’incendie du magasin « Géant du Meuble ». Le soutien populaire à cette télé et à la radio qui l’a précédée est expliqué comme suit par l’ethno-sociologue Eliane Wolff : « Une population, jusque-là tenue éloignée de la scène et du débat publics, se reconnaît dans cette radio qui lui permet de prendre la parole et de débattre dans la langue et selon les modalités qui lui sont propres[xlv]. » Un an plus tard l’historien Hubert Gerbeau titre significativement un article dans l’Encyclopédie Universalis : « La Réunion. Émeutes du « mal-vivre » ou escarmouches pour l’indépendance ?[xlvi] ». En mars 2009 une grève générale contre la vie chère se transforme en affrontements avec les forces de l’ordre pendant plusieurs jours. Lors des grandes manifestations qui se déroulent à Saint-Denis et à Saint-Pierre, on peut lire sur des banderoles : « Ti kréol kont gro profitèr » (« Petits créoles contre gros profiteurs« ). Chaque année entre 2012 et 2016 est marquée par des émeutes ayant des déclencheurs divers. Au-delà des déclencheurs, les causes sont bien structurelles : l’indissociabilité de la question sociale et de la question coloniale.
Dans ce contexte, il était inévitable qu’émerge une revendication indépendantiste qui pour être extrêmement minoritaire n’en est pas moins significative. Elle émerge d’abord au sein du PCR dans une minorité qui conçoit tactiquement l’autonomie défendue par ce parti comme une étape vers l’indépendance. «Je pense que le combat du Parti communiste dans les années 60-70-80 a été important pour La Réunion. Le PCR défendait la langue créole, la culture, le peuple, la classe ouvrière. […] Moi j’étais au PCR de 79 à 82, dans la branche minoritaire indépendantiste et quand le mot d’ordre d’autonomie a été abandonné, j’ai démissionné, le 1er septembre 1982. Vergès n’a jamais voulu l’indépendance. » rappelle un des leaders indépendantistes »[xlvii].
Elle se traduit dans la même période en organisation avec la création de l’OCMLR (Organisation Communiste Marxiste-Léniniste de la Réunion) en 1975 qui deviendra le Mouvement Pour la Libération de la Réunion (MPLR) en 1979. En septembre 1981 c’est au tour du Mouvement pour l’Indépendance de la Réunion (MIR) de voir le jour. En juin 2008 le MIR se transforme en LPLP (Lorganizasion Popilèr po Libèr nout Péi – Front Populaire de Libération Nationale) regroupant toutes les mouvances indépendantistes et nationalistes de La Réunion. En novembre 2017 Un Etat Réunionnais est symboliquement proclamé avec son « Gran Konsey Kontkolonial » (Grand Conseil Anticolonial), sa « Gran Lasanblé Kontkolonial » (Grande Assemblée Anticoloniale) et son « Shef Gouvernman Kontkolonial » (Chef du gouvernement anticolonial) en la personne de Bernard Grondin, leader du LPLP. Tout aussi symboliquement le Gouvernement anticolonial promulgue des décrets dont le premier décide la « fermeture des constructions du bord de mer ne respectant pas l’environnement et les réunionnais[xlviii] ».
L’existence désormais durable d’un mouvement indépendantiste et son caractère extrêmement minoritaire résume la situation et l’État de la construction nationale réunionnaise. Son existence reflète les progrès considérables de ce processus long de construction nationale. Son caractère extrêmement minoritaire illustre l’ampleur du chemin restant à parcourir. Les peuples et les nations sont des constructions historiques dont la durée du processus dépend d’une série de facteurs spécifiques à chaque situation : spécificités historiques, ampleur de l’aliénation, état du rapport de forces mondial et régional[xlix], ampleur des enjeux pour la puissance coloniale, etc. Il n’est certes pas possible d’accélérer artificiellement l’histoire mais l’existence de l’inégalité coloniale posera inévitablement à terme la question de l’indépendance.
[i] Isnard Hildebert, La Réunion : aspects de la colonisation de peuplement, Les Cahiers d’Outre-mer, n° 10, avril-juin 1950, p. 103.
[ii] Ibid, p. 105.
[iii] Frédéric Sandron, Dynamique de la population réunionnaise (1663-2030), in Frédéric Sandron (coord.), La population réunionnaise : analyse démographique, IRD éditions, Paris, 2007, p.
[iv] Isnard Hildebert, La Réunion : aspects de la colonisation de peuplement, op. cit., p. 103.
[v] Voir sur cet aspect mon dernier article consacré à « l’œuvre négative de la colonisation en Guyane. De la recherche du « roi doré » à la « Montagne d’or », https://bouamamas.wordpress.com/2018/07/02/loeuvre-negative-du-colonialisme-francais-en-guyane-de-la-recherche-du-roi-dore-a-la-montagne-dor/,
[vi] Georges Hardy, Histoire de la Colonisation française, Larose, Paris, 1943, p. 190.
[vii] Le concept de « colon » prend de ce fait une connotation particulière en raison des liens que les « Petits Blancs » tissent avec les autres groupes dominés.
[viii] Les principales sont les Cafres (descendants d’esclaves venant d’Afrique de l’Est ou de Madagascar), les Malbars (Indiens du sud-est de l’Inde, essentiellement Tamoul), les Yabs ou petits blancs ou créoles blancs (descendants des petits colons blancs ruinés), les « Gros blancs » (créoles blancs constituant l’essentiel de la classe dominante), les Zoreils (métropolitains), les Chinois ( sud de la Chine), les Z’Arabes (musulmans indiens issus de l’Ouest de l’Inde), les Comoriens et Mahorais, les Malgaches.
[ix] Isnard Hildebert, La Réunion : aspects de la colonisation de peuplement, op. cit., p. 114.
[x] Laurent Médéa (coord.), Kaf étude pluridisciplinaire, Zarlor, Sainte Clotilde, 2009, quatrième de couverture.
[xi] Lucette Labache, L’ethnicité chez les jeunes Réunionnais, Agora débats-Jeunesses, n° 9, 1997, p. 100.
[xii] Bernard Marek et Guy Bourau-Glisia, Une île dans la guerre. La Réunion de la Mobilisation à la Départementalisation (1939-1946), Azalée éditions, Saint-Denis de la Réunion, 1992, pp. 106-107.
[xiii] Jean-Pierre Cambefort, L’héritage de la violence à La Réunion , in Christian Ghasarian, (coord.), Anthropologies de La Réunion, Éditions des Archives Contemporaines, Paris, 2008, p. 74.
[xiv] Sonia Chane-Kune, La Réunion n’est plus une île, L’Harmattan, Paris, 1996, p. 52.
[xv] Jean-Pierre Cambefort, Enfances et familles à la Réunion. Une approche psychosociologique, Paris, L’Harmattan, Paris, 2001, pp. 252-253.
[xvi] Frédéric Sandron, Dynamique de la population réunionnaise (1663-2030), op. cit., p. 33.
[xvii] Voir sur cet aspect notre article consacrée aux Antilles, L’œuvre négative du colonialisme français aux Antilles. La production et la reproduction d’une pigmentocratie, https://bouamamas.wordpress.com/2018/06/15/loeuvre-negative-du-colonialisme-francais-aux-antilles-la-production-et-la-reproduction-dune-pigmentocratie/.
[xviii] Françoise Vergès, Le ventre des femmes. Capitalisme, racialisation, féminisme, Albin Michel, Paris, 2017.
[xix] William Luret, TI ! Paille-en-queue : les enfants déportés de la Réunion, Anne Carrière, Paris, 2004, quatrième de couverture.
[xx] Wilfried Bertile, La Réunion sur la voie du développement ?, Annales de Géographie, n° 533, 1987, p. 47.
[xxi] Isabelle Widmer, La Réunion et Maurice. Parcours de deux îles australes des origines au XXème siècle, Les Cahiers de l’INED, n° 155, 2005, p. 74.
[xxii] Wilfried Bertile, La Réunion: Les problèmes réunionnais : la thérapeutique de la responsabilité, Océan éditions, Saint-André, 2006, p. 588.
[xxiii] Ibid, p. 588.
[xxiv] Sonia Chane-Kune, Aux origines de l’identité réunionnaise, L’Harmattan, Paris, 1993, p. 9.
[xxv] Marine Nationale, La Réunion : une île parmi les îles, https://www.defense.gouv.fr/marine/magazine/l-ocean-indien-a-portee-de-main/la-reunion-une-ile-parmi-les-iles, consulté le 5 juillet 2018 à 19 h 00.
[xxvi] Expression utilisé par Jean-Claude Guillebaud comme titre d’un ouvrage consacré aux dernières colonies françaises : « Les Confettis de l’Empire : Djibouti, Martinique, Guadeloupe, Réunion, Tahiti, Nouvelle-Calédonie,
[xxvii] Clément Fernandez et Léo Philippe, Les Eparses : Des îles si convoitées, Centre d’Etude Stratégique de la Marine, Cargo Marine, n°3/2015, p. 10.
[xxviii] Isabelle Widmer, La Réunion et Maurice. Parcours de deux îles australes des origines au XXème siècle, op. cit., p. 271.
[xxix] INSEE, Bilan Economique 2016- La Réunion, INSEE Conjoncture Réunion, n° 3, juin 2017.
[xxx] Les grandes dynasties économiques réunionnaises, Réunionnais du monde, Juin 2017, http://www.reunionnaisdumonde.com/spip.php?article20402, consulté le 6 juillet 2018 à 11 h 00.
[xxxi] INSEE Analyses, n° 14, avril 2016, p. 1.
[xxxii] Jean Houbert, Décolonisation en pays Créole, l’île Maurice et la réunion, Politique Africaine, n° 10, juin 1983, pp. 87-88.
[xxxiii] Isabelle Widmer, La Réunion et Maurice. Parcours de deux îles australes des origines au XXème siècle, op. cit., 54.
[xxxiv] Daniel Guérin, Les Antilles décolonisées, Présence Africaine, Paris, 1956, p. 157.
[xxxv] Aimé Césaire, Intervention lors du débat sur la « politique du gouvernement dans les départements et les territoires d’outre-mer », Journal Officiel de la République Française, 27 mars 1954, 4e.republique.jo-an.fr/numero/1954_i28.pdf, consulté le 7 juillet 2018 à 9 h 30.
[xxxvi] Christian Ghasarian, La Réunion : acculturation, créolisation et réinventions culturelles, Ethnologie Française, Volume 32, 2002/4, p. 666.
[xxxvii] Emeline Vidot, La construction d’une identité réunionnaise de 1959 à nos jours : représentations culturelles et constructions discursives, Thèse de Sociologie, Université de la Réunion 2016, p. 94.
[xxxviii] Gilles Gauwin, Créolisation linguistique et créolisation politique à la Réunion. Enjeux géopolitiques autour d’une revenndication identitaire, Hérodote, n° 105, 2002/2, p. 75.
[xxxix] Yvan Combeau, De Bourbon à la Réunion, l’histoire d’une île (du XVIIe au XXe siècle), Hermès, n° 32-33, 2002/1, p. 97.
[xl] Parti Communiste Réunionnais, Les thèses constitutives, Île de la Réunion, 1ER juin 1959.
[xli] Texte intégral du manifeste, https://www.temoignages.re/politique/actualites/manifeste-pour-le-droit-a-l-autodetermination-et-contre-toute-solution-neocolonialiste,93050, consulté le 7 juillet 2018 à 19 h 00.
[xlii] Déclaration finale de la Convention de la Morne Rouge, http://www.montraykreyol.org/article/paul-verges-rapporteur-de-la-convention-du-morne-rouge-pour-lautonomie-des-4-dom, consulté le 7 juillet à 19 h 15.
[xliii] Mouvement littéraire et d’affirmation culturelle (symbolisé entre autres par Jean Albany, Gilbert Aubry, etc.) qui affirment une identité réunionnaise commune dans le respect des identités propres des différents groupes sociaux qui se sont enracinés sur l’île.
[xliv] La Cafrité ou Kafritude est un mouvement littéraire et de revendication de l’ancrage africain de l’identité réunionnaise (Porté entre-autre par Philippe Bessière, Georges Lazarre, etc.). Ce mouvement insiste sur la nécessité pour la créolité d’intégrer la cafrité sans laquelle le discours sur le métissage resterait une approche négatrice de la part africaine de l’identité réunionnaise.
[xlv] Eliane Wolff, Les (nouveaux) territoires de la radio, Radio FreeDom et ses éditeurs, Radiomorphose, n° 1, 2016, p. 3.
[xlvi] Hubert Gerbeau, La Réunion. Émeutes du « mal-vivre » ou escarmouches pour l’indépendance ? , Encyclopédie Universalis, Paris, 1992, pp. 264-267.
[xlvii] Interview de bernard Grondin du 28 novembre 2017, Un jour la Réunion sera indépendante, https://www.clicanoo.re/Etat-Reunionnais/Politique/Article/2017/11/26/Un-jour-La-Reunion-sera-independante_502556, consulté le 8 juillet 2018 à 9 h 55.
[xlviii] Promulgation de la première loi réunionnaise, https://www.inforeunion.net/Promulgation-de-la-premiere-loi-reunionnaise_a14039.html, consulté le 8 juillet 2018 à 10 h 30.
[xlix] La question de l’indépendance de la Réunion a par exemple été abordée plusieurs fois au sein de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) dans son Comité de Libération : en février 1973 lors de la réunion du Conseil des ministres de ce comité à Tripoli mais la résolution fut minoritaire ; En juin 1978 en revanche le sommet de l’OUA de Dar El Salam affirme la nécessité de décoloniser la Réunion et préconise l’adoption de « mesures appropriées pour hâter l’indépendance » ( Conférer Edmond Jouve, L’Organisation de l’Unité Africaine, PUF, Paris, 1984) ; En 2004 c’est l’Union Africaine qui incluse dans son plan stratégique la Réunion comme faisant partie des « territoires occupés par des puissances étrangères (Conférer : Vincent Capdepuy, La réunion, Madagascar, îles d’Afrique ?, Revue du Centre d’Histoire de l’Université de la Réunion, n° 14, 2011, p. 52).
Saïd Bouamama
Juillet 2018
konferans pep losean indien- CONFÉRENCE des peuples de L’OCÉAN indien, les 30 et 31 octobre 2018 (pointe aux sables, mauritius island)
fanm later 2018: planté po manzé "fé pous kiltir - Growing culture" dan osean indien
La deuxième édition des échanges Planté po manzé et Fanm Latèr aura lieu le samedi 10 mars 2018 au site Bèf Moka Dan Koton à Trois-Bassin Littoral avec l’association Kabar Lidantité Rénioné et la présence de CARES Maurice organisateur de Lékol Lékolozi…
Growing is a wonderful and tearful experience, whether you’re a mushroom, a fruit or an activist, even more so when you recognise the existence of the feminine. Capitalism has achieved much more than alienating us from what makes up our lives, we’ve become alien to relationships. What makes us sensible is not education and yet we go through so much ‘standardised studies’, protocols that are in the end ‘rites’ taking away the sharing experience that has characterised human relationships. Anthropology students learn that societies without money did not practice barter as a thing against thing but a way to grow relationships with other groups. Activists are constantly confronted with the new faces of capitalism and it is essential to grow relationships like roots of trees in a forest. We are the ones who define our relationship to each other, to the living, the future and the past. Without exchange, it is not possible to grow. The symbiosis of successful movements requires variety, ideas that sometime collide, practice that refines our beings and experience that overcomes new pervasive ways of alienating us. Variety entails reaching out to activists who are fighting on the ground, in agro-ecology, LGBTQI, reproductive justice, land grabbing…Like societies without money, our exchanges mean nourishing relationship with respect and love. It’s about having safe spaces for everyone
La croissance est une expérience merveilleuse et larmoyante, que vous soyez un champignon, un fruit ou un activiste, d'autant plus que vous reconnaissez l'existence du féminin. Ainsi est-il nécessaire de penser un féminisme créole propre à transformer les rapports sociaux de domination et d’exploitation, d’(re)-inventer un nouveau rapport à la terre. Nous sommes indigènes à La Réunion et dans l’Océan Indien, sans acte de propriété mais amarrés à nos terres à qui nous devons respect et reconnaissance.
Le capitalisme a fait bien plus que nous aliéner de ce qui fait notre vie, nous sommes devenus étrangers aux relations. Ce qui nous rend sensibles n'est pas l'éducation et pourtant nous passons par tant d '«études standardisées», des protocoles qui finissent par «ritualiser» l'expérience de partage qui a caractérisé les relations humaines. Les étudiants en anthropologie apprennent que les sociétés sans argent ne pratiquaient pas le troc comme une chose contre une chose mais un moyen de développer des relations avec d'autres groupes. Les militants sont constamment confrontés aux nouveaux visages du capitalisme et il est essentiel de cultiver des relations comme les racines des arbres dans une forêt. Nous sommes ceux qui définissent notre relation les uns aux autres, au vivant, au futur et au passé. Sans échange, il n'est pas possible de grandir. La symbiose des mouvements réussis exige de la variété, des idées qui se heurtent parfois, une pratique qui affine nos êtres et une expérience qui surmonte de nouvelles manières omniprésentes de nous aliéner. La variété implique de toucher des militants qui se battent sur le terrain, en agro-écologie, LGBTQI, justice reproductive, accaparement des terres ... Car tous et toutes, nous sommes indigènes aux terres de l’Océan Indien, tous et toues nous sommes reliés en conscience propre qu’il faut agir maintenant.
Comme les sociétés sans argent, nos échanges signifient une relation nourrissante avec le respect et l'amour. Il s'agit d'avoir des espaces sûrs pour tout le monde.
Espace Ajoupa a lancé à La Réunion, en 2017, une plateforme de discussions et d’action intitulé Planté po manzé : c’est par exemple l 'exploitation d’un carreau au Tampon, relancée par l'action citoyenne des membres de l'association avec la condition sine qua non de travailler en raisonné.
Ainsi, c’est dans la rencontre et l'engagement avec les militants que l'exploitation a pu être relancée. C'est une action forte qui fait suite à la journée de Fanm Later de mars 2017. Sur un plan pratique, concrètement des membres de la troupe de théâtre sont venus désherbés et ont mis en place les prémisses du réseau de distribution des paniers. Ce réseau s'attelle, dans un premier temps, à la difficile tâche de toucher un public délaissé par le réseau des labels Bio qui ne sont pas accessibles à tous notamment au regard des prix et de la nécessaire proximité. Cet axe "social" concerne les familles nombreuses et parfois des personnes touchées par des problèmes de santé qui nécessitent un accès absolu à des produits sains au regard de soins vitaux. Le travail sur la baisse des prix est donc à poursuivre.
Des actions citoyennes sur la commune de St Denis sont en cours afin de relancer une culture vivrière et de partage entre voisins par espace Ajoupa dans le mouvement de Planté po Manzé.
Enfin, la distribution du livre Fonnker la Liberté (13, 50, euros) de Laetitia Boqui-Queni, témoignages poétique en bilingue francais créole Réunionnais, paru à l'Harmattan pour parachever le pont Culture/ Agriculture(http://www.editions-harmattan. fr/index.asp?navig=catalogue& obj=livre&no=50596).
La deuxième édition des échanges Planté po manzé et Fanm Latèr aura lieu le samedi 10 mars 2018 au site Bèf Moka Dan Koton à Trois-Bassin Littoral avec l’association Kabar Lidantité Rénioné et la présence de CARES Maurice organisateur de Lékol Lékolozi…
Comme l’année passée et les éditions qui suivront nous avons choisi le mois de mars pour la journée internationale des luttes pour les droits des femmes et aussi en résistance avec les Palestiniens en lutte et leur Journée de la Terre suite à la confiscation des terres des Arabes d’Israël (1976).
Aussi, avons-nous à cœur de porter nos voix en soutien à la résistance Ahed Tamini, adolescente de 16 ans menacée d’une peine de prison de 7 ans.
Au programme : débats, ateliers pratiques, artisanat, concert, kabar…
https://www.facebook.com/events/396772320735355/
Ansanm, Mobilisasyon Kont Lèsklavaz! Barashwa-Préfektir lo 22 novanm
Zordi, ankor, Lèsklavaz, lé dénonsé, ek lo limyèr détrwa média.
Lo politik lo bann désidèr ek lo Silans lo bann prézidan Lafrik,
y mèt ankor atèr nout bann Sèr, nout bann Frèr!
Lèsklavaz, yèr nout Zansèt, 1663-1848, 185 lané!!!
Son Doulèr la sési, la Rényon!
Zordi, ankor, fin lané 2017, nou antann y koz y arkoz Lèsklavaz!
Terla an Libi, laba koté Ayti, dann nout Péi, bonpé koté si latèr la!...
Konplisité ofisyèl, in system lintéré, y sakrifi lavi bann MARMAY, bann FANM, bann BOUG, bann ZENZAN, bann MIGRAN Lafrik!...
Tro Zinosans esklavizé ankor zordi!
Anou Rényoné, Anou KLR,
Nou organiz in Mobilisasyon, ansanm zot!
MOBILISASYON kont Lèsklavaz partou si latèr la!
Merkrodi 22 Novanm 2017, Barashwa-Préfektir!
-Démaraz: Dizèr, Kozé lo Pèp Rényoné!
-Midi: Kabar Partaz kont Lèsklavaz!
Amène zot manzé, nout partaz, nou mèt Ansanm!
Lanbyans Maloya ek tout Mizik! Nout Rézistans po Limanité!
-Dézèr: La minm kont Lèsklavaz si later la, douvan lo Préfektir!
Nou apèl zot tout po partisipé!
Momonpapa, bann group, bann lasosiasyon, lantouraz!...
Lékip KLR.
Kontak: 0692941459.
Lo politik lo bann désidèr ek lo Silans lo bann prézidan Lafrik,
y mèt ankor atèr nout bann Sèr, nout bann Frèr!
Lèsklavaz, yèr nout Zansèt, 1663-1848, 185 lané!!!
Son Doulèr la sési, la Rényon!
Zordi, ankor, fin lané 2017, nou antann y koz y arkoz Lèsklavaz!
Terla an Libi, laba koté Ayti, dann nout Péi, bonpé koté si latèr la!...
Konplisité ofisyèl, in system lintéré, y sakrifi lavi bann MARMAY, bann FANM, bann BOUG, bann ZENZAN, bann MIGRAN Lafrik!...
Tro Zinosans esklavizé ankor zordi!
Anou Rényoné, Anou KLR,
Nou organiz in Mobilisasyon, ansanm zot!
MOBILISASYON kont Lèsklavaz partou si latèr la!
Merkrodi 22 Novanm 2017, Barashwa-Préfektir!
-Démaraz: Dizèr, Kozé lo Pèp Rényoné!
-Midi: Kabar Partaz kont Lèsklavaz!
Amène zot manzé, nout partaz, nou mèt Ansanm!
Lanbyans Maloya ek tout Mizik! Nout Rézistans po Limanité!
-Dézèr: La minm kont Lèsklavaz si later la, douvan lo Préfektir!
Nou apèl zot tout po partisipé!
Momonpapa, bann group, bann lasosiasyon, lantouraz!...
Lékip KLR.
Kontak: 0692941459.
gayar nout fet nasional lo 5 NOVANM
Le sens de cette initiative anticoloniale pour la Fondation Héva :
-reprendre la main sur le processus démocratique populaire réunionnais
- prendre part à une dynamique constituante
Reste à traduire cette volonté en actions et mots d'ordre concrets.
-reprendre la main sur le processus démocratique populaire réunionnais
- prendre part à une dynamique constituante
Reste à traduire cette volonté en actions et mots d'ordre concrets.
Coalition la mer OCEAN-INDIEN
Déclaration de la Fondation HEVA au School of Ecology 2017 à l'Ile Maurice
Ousa nou lé la ?
Nou lé Maurice la ! Nou lé pa en Allemagne, nou lé pa en Europe ou byin in not landrwa.
Si ma byin konpri à Maurice i rèst ryink 1% la foré indigène. Donk aster ke la fini détrui tout la tèr zot i ve kok tout bordmèr (rest rienk 8%) po fé gran lotèl touris.
Mi voudré dir un ti mésage po bann tourist la : ès ke zot i koné ke na domoun i viv atèr la ? Dan un péi na domoun i viv, non ?
Donk i seré tan réfléshir un pe koman an tank tourist nou dwa komport a nou.
Et réfléshir égaleman koman lo bann gran konpayni lotèlri la i conport a zot ék la popilasion lo péi ousa nous sava.
Po un moun pass un bon vacances i fodré ke li koné dan lotèl li sava si i favoriz ou pa lanrishisman le bann gro zozo lotèlri ki dénatir é ki dégrad le péi.
Sa po tourist, aster po lotèlri, zot bann zistwar office du tourisme, agences de voyage, le bann travel tou sa la. Kan zot i anvoy partou dan le monde bann zoli foto, zoli plage kom karte postal po fé konét le bann bordmèr morisien, ke lé zoli, ke lé akeyan, ke lé ropozan.
Aster pou bann aktivist kom nou i fo fé konet ki rèst ryink 8% lo bordmer pou bann morisien i viv la, pou zot alé pikniké pou zot profit un peu la mèr zot péi ék zot famil.
I fo arèt un kou la : KOUPOKOU !
Anou osi alon fé publisité su koman bann gran kompayni, bann gouvèrnman i vann bordmèr é koman le bann tourist i fé zot makot èk domoun sur le bordmèr. Zot i réspèkt pa lo bann domoun i viv la mèm.
Koalision la mèr sé zist ke lo bann pwason i sa pa mèt a zot a sort dann la mèr po di zot soufrans, lo bann piédbwa i sa pa mèt a zot a kozé, alor sé domoun mèm l’armé la mèr.
A nou domoun la natir, sat na la parol po di ke tout se bann natir la i soufre é nou avèk.
Koalision la mèr i dwa fé onte bann zantrepriz là èk le bann tourist makot.
Mi imazin bann morisien fatigé èk tousa mépri la, soman so zour la bann
Zimbabwe, Seychelles, Zambia, Namibie, Lesotho, Rodrigues, Afrique du Sud, Swaziland, Madagascar, Mozanbique, USA, Brésil, Uruguay, La Réunion lé la !
Nou lé la kom koalision la mèr èk la natir. Nou pe batay po pèrmèt nout zanfan dan le monde konèt sé koi bordmèr. Lé pa posib le bann gran kompayni i mèt bordmèr an kage. La Rényon lé zust an fas la mér Pomponette, nou lé mèm famy kréol.
Dan tout péi na bordmèr nou dwa batay kom un maurisien po amont domou sé koué in bordmèr an kage, ke se swa dann un gran péi lo nord kom dan in ti péi la mèr partou dan lo monde bordmèr lé a tout domoun.
Alon fé ont bann gran lindustri lotèlri makot.
Si dann tou le monde antié la plaz moris lé konu, alor alon fé konèt dann mond antié koman lindustri touristik makot i vol bordmèr lo moun i abit é i viv la.
ANON FÉ RANN BANA LA PLAZ LA!
Ousa nou lé la ?
Nou lé Maurice la ! Nou lé pa en Allemagne, nou lé pa en Europe ou byin in not landrwa.
Si ma byin konpri à Maurice i rèst ryink 1% la foré indigène. Donk aster ke la fini détrui tout la tèr zot i ve kok tout bordmèr (rest rienk 8%) po fé gran lotèl touris.
Mi voudré dir un ti mésage po bann tourist la : ès ke zot i koné ke na domoun i viv atèr la ? Dan un péi na domoun i viv, non ?
Donk i seré tan réfléshir un pe koman an tank tourist nou dwa komport a nou.
Et réfléshir égaleman koman lo bann gran konpayni lotèlri la i conport a zot ék la popilasion lo péi ousa nous sava.
Po un moun pass un bon vacances i fodré ke li koné dan lotèl li sava si i favoriz ou pa lanrishisman le bann gro zozo lotèlri ki dénatir é ki dégrad le péi.
Sa po tourist, aster po lotèlri, zot bann zistwar office du tourisme, agences de voyage, le bann travel tou sa la. Kan zot i anvoy partou dan le monde bann zoli foto, zoli plage kom karte postal po fé konét le bann bordmèr morisien, ke lé zoli, ke lé akeyan, ke lé ropozan.
Aster pou bann aktivist kom nou i fo fé konet ki rèst ryink 8% lo bordmer pou bann morisien i viv la, pou zot alé pikniké pou zot profit un peu la mèr zot péi ék zot famil.
I fo arèt un kou la : KOUPOKOU !
Anou osi alon fé publisité su koman bann gran kompayni, bann gouvèrnman i vann bordmèr é koman le bann tourist i fé zot makot èk domoun sur le bordmèr. Zot i réspèkt pa lo bann domoun i viv la mèm.
Koalision la mèr sé zist ke lo bann pwason i sa pa mèt a zot a sort dann la mèr po di zot soufrans, lo bann piédbwa i sa pa mèt a zot a kozé, alor sé domoun mèm l’armé la mèr.
A nou domoun la natir, sat na la parol po di ke tout se bann natir la i soufre é nou avèk.
Koalision la mèr i dwa fé onte bann zantrepriz là èk le bann tourist makot.
Mi imazin bann morisien fatigé èk tousa mépri la, soman so zour la bann
Zimbabwe, Seychelles, Zambia, Namibie, Lesotho, Rodrigues, Afrique du Sud, Swaziland, Madagascar, Mozanbique, USA, Brésil, Uruguay, La Réunion lé la !
Nou lé la kom koalision la mèr èk la natir. Nou pe batay po pèrmèt nout zanfan dan le monde konèt sé koi bordmèr. Lé pa posib le bann gran kompayni i mèt bordmèr an kage. La Rényon lé zust an fas la mér Pomponette, nou lé mèm famy kréol.
Dan tout péi na bordmèr nou dwa batay kom un maurisien po amont domou sé koué in bordmèr an kage, ke se swa dann un gran péi lo nord kom dan in ti péi la mèr partou dan lo monde bordmèr lé a tout domoun.
Alon fé ont bann gran lindustri lotèlri makot.
Si dann tou le monde antié la plaz moris lé konu, alor alon fé konèt dann mond antié koman lindustri touristik makot i vol bordmèr lo moun i abit é i viv la.
ANON FÉ RANN BANA LA PLAZ LA!
les assises de la decolonisation le 5 novanm "gran lasanble kontkolonial" a st leu
A l'initiative du mouvement indépendantiste réunionnais, vous êtes invités aux Assises de la Décolonisation.
In Gran Lasanblé Kontkolonial, po mazinn nout lavnir parnouminm.
Toutsat lé dakor ek nout Shart Kontkolonial alon mèt ansanm, alon dégrinn lo sistinm kolonial.
Shart Kontkolonial : "Anou lo pèp, anou rénioné, nou rovandik nout léritaz, sat y prann an kont listwar lèsklavaz, ek la kolonizasion dopi 1663 ziska zordi. Anou manm bann zasosiasion, bann kolèktif, bann mouvman, bann lorganizasion y vanz po pa oubli nout listwar, nou konstat parnouminm, podvré, dan kèl malizé nout péi ilé dan tout dominn nout vi toulézour. Toutsala nou wa partou, toultan.
Tout lo bann problinm la finn ariv anou, akoz zot la anprofit su nou, la abiz su nou é tout lo bann mové zafèr la pa arèt tonm su nou é kraz anou, toutsala na in sèl rasinn, sé lo dominasion léta kolonial fransé la mèt an plas. Toutsala y tiyn pa kont nout kisanoulé.
Nout listwar lé méprizé la lèss ali dan fénwar la minm fé krwar li té ekzis pa, nout prop lèkzistans na pwin valèr po zot.
Apré in tralé zélèksion ek zot bann promès mantèr, lèr larivé po nou lèv dobout. Lo sèl zafèr y kont po nou, sé mazinn - parnouminm é ponouminm - nout lavnir ek sat nout bann zanfan, minm si bann kolonialis y arèt pa mèt la pèr si nou é manti ek nou.
Anou, domoun, zasosiasion, kolèktif, mouvman, lorganizasion, lo pèp rénioné, alon mèt ansanm - nout tout égal antnou - in vré lantouraz po armèt nout péi an lèr é protèz lavnir nout bann zanfan.
Alon kas la sinn é rant dann ron po mèt an plas in Gran Lasanblé Kontkolonial, in vré soubasman po domin, popilèr é po linité nout pèp.
Lo shart la y esplik kom y fo lo bann règloman lo Gran Lasanblé Kontkolonial, ke va travay po Larénion dan tout son diversité kiltirèl é dan tout son dimansion sosial é ékonomik, po fénésans in léta rénioné ek in Gran Konsey é in Gouvernman Kontkolonial.
Lo pwindvizé lo Gran Konsey Kontkolonial sé mèt an plas in konstitision po in léta rénioné, prépar la lwa po domin , sra li va vey ke léta rénioné y respèkt la lwa kom i fo.
Lo pwindvizé lo Gouvernman Kontkolonial sé prépar in program gouvernman po domin, aport son solidarité kan y fo, défann lo rénioné kont lo sistinm kolonial fransé, sé li nora la responsabilité ladministrasion kontkolonial, sé li nora la responsabilité protèz nout pèp, nout péi é nout bann zinstitision nou la mèt an plas kan y fo é kom y fo. Sé li va roprézant nout péi an déor.
Lo Gran Lasanblé Kontkolonial va ekzis podvré lo zour na mèt ali dobout nout tout ansanm. Lo bann moun sra la va roprézant swa zot minm, sinonsa zot bann zasosiasion, kolèktif, mouvman ek lorganizasion, y fo zot lé kontkolonial.
Po mèt ansanm kont lo kolonialis, lo promié zafèr po fé, sé vanz po nout kiltir, po in lavnir lib, zis é égal dan in sosièté ousa lékonomi lé po nou minm.
Kolonialis lé partou Larénion, dann la kaz, dann lékol, dann travay, dann ladministrasion.
Sé touzour bann maléré lé dan malizé, sak nou la bozwin pou viv lé tro shèr (dolo, kouran, manzé, linz, la kaz). An misouk, i obliz anou pran in manièr viv ek in lédikasion y sort déor, po nout famy, y tir responsabilité papa manman pou mèt plis si marmay. Y obliz anou viv pou ashté kom dan péi déor. Zinformasion dann télé lé mantèr épi i sava dan in sèl koté, piblisité i rèspek pa nout manièr war la vi, nout kisanoulé é li mèt touzour sat péi déor dan nout koko tèt.
Bann program dan lédikasyion lékol i rod ryink ranpli la tèt marmay ek bann modèl kiltirèl é ékonomik, sat i konsern pa nou, sat lé pa bon po nou. Y rabès nout lang ek listwar nout péi. Bandna i mèt an lèr bann valèr lé kont natir, i mèt an lèr shakinn pou son shakinn. Zot i protèz pa sat lé atèr, azot minm y désid sat nou la bozwin sat lé bon po nou, lo méyèr lé touzour po zot. Nout mizik lé rabésé (dann radio, télé, zournal, internèt, dan tout kalité manifèstasion kiltirèl), nout fason dansé, nout fason kozé, nout fason ékrir, nout fason fé désin, nout bann tizanèr, nout patrimwan lé abandoné, nout bann pratik po lo respé nout bann zansèt (servis, lomaz zansèt, tout bann fèt rélizion) ek tout nout bann tradision (la pèsh, la shas, rod bwa sèk). Partou na makrotaz po in plas sinonsa in subvansion po fé lo fransé, tout lé tèt anba, na pi riyn y marsh, na pi riyn y rosanm anou.
An misouk bandna i rod pou défann anou planté po manzé, mont lantrepriz ek gran lizinn, i défann anou form nout bann zinn, y anpès azot trouv in vré travay dan zot péi, y anvoy azot lot koté la mèr po armèt domoun andéor travay nout plas. Makrotaz, préférans po mantalité gro kolon, la vi shèr y profit riynk po sat lé anlèr.
Di sat nou ve bann zéli i fé pa in kont avèk, lo bann domoun i travay dann ladministrasion lé konplis é zot i di pa riyn osi.
Toutsat lé dakor ansanm tousala, alon sign lo shart kontkolonial é fé tout po fé respèkt ali.
In Gran Lasanblé Kontkolonial, po mazinn nout lavnir parnouminm.
Toutsat lé dakor ek nout Shart Kontkolonial alon mèt ansanm, alon dégrinn lo sistinm kolonial.
Shart Kontkolonial : "Anou lo pèp, anou rénioné, nou rovandik nout léritaz, sat y prann an kont listwar lèsklavaz, ek la kolonizasion dopi 1663 ziska zordi. Anou manm bann zasosiasion, bann kolèktif, bann mouvman, bann lorganizasion y vanz po pa oubli nout listwar, nou konstat parnouminm, podvré, dan kèl malizé nout péi ilé dan tout dominn nout vi toulézour. Toutsala nou wa partou, toultan.
Tout lo bann problinm la finn ariv anou, akoz zot la anprofit su nou, la abiz su nou é tout lo bann mové zafèr la pa arèt tonm su nou é kraz anou, toutsala na in sèl rasinn, sé lo dominasion léta kolonial fransé la mèt an plas. Toutsala y tiyn pa kont nout kisanoulé.
Nout listwar lé méprizé la lèss ali dan fénwar la minm fé krwar li té ekzis pa, nout prop lèkzistans na pwin valèr po zot.
Apré in tralé zélèksion ek zot bann promès mantèr, lèr larivé po nou lèv dobout. Lo sèl zafèr y kont po nou, sé mazinn - parnouminm é ponouminm - nout lavnir ek sat nout bann zanfan, minm si bann kolonialis y arèt pa mèt la pèr si nou é manti ek nou.
Anou, domoun, zasosiasion, kolèktif, mouvman, lorganizasion, lo pèp rénioné, alon mèt ansanm - nout tout égal antnou - in vré lantouraz po armèt nout péi an lèr é protèz lavnir nout bann zanfan.
Alon kas la sinn é rant dann ron po mèt an plas in Gran Lasanblé Kontkolonial, in vré soubasman po domin, popilèr é po linité nout pèp.
Lo shart la y esplik kom y fo lo bann règloman lo Gran Lasanblé Kontkolonial, ke va travay po Larénion dan tout son diversité kiltirèl é dan tout son dimansion sosial é ékonomik, po fénésans in léta rénioné ek in Gran Konsey é in Gouvernman Kontkolonial.
Lo pwindvizé lo Gran Konsey Kontkolonial sé mèt an plas in konstitision po in léta rénioné, prépar la lwa po domin , sra li va vey ke léta rénioné y respèkt la lwa kom i fo.
Lo pwindvizé lo Gouvernman Kontkolonial sé prépar in program gouvernman po domin, aport son solidarité kan y fo, défann lo rénioné kont lo sistinm kolonial fransé, sé li nora la responsabilité ladministrasion kontkolonial, sé li nora la responsabilité protèz nout pèp, nout péi é nout bann zinstitision nou la mèt an plas kan y fo é kom y fo. Sé li va roprézant nout péi an déor.
Lo Gran Lasanblé Kontkolonial va ekzis podvré lo zour na mèt ali dobout nout tout ansanm. Lo bann moun sra la va roprézant swa zot minm, sinonsa zot bann zasosiasion, kolèktif, mouvman ek lorganizasion, y fo zot lé kontkolonial.
Po mèt ansanm kont lo kolonialis, lo promié zafèr po fé, sé vanz po nout kiltir, po in lavnir lib, zis é égal dan in sosièté ousa lékonomi lé po nou minm.
Kolonialis lé partou Larénion, dann la kaz, dann lékol, dann travay, dann ladministrasion.
Sé touzour bann maléré lé dan malizé, sak nou la bozwin pou viv lé tro shèr (dolo, kouran, manzé, linz, la kaz). An misouk, i obliz anou pran in manièr viv ek in lédikasion y sort déor, po nout famy, y tir responsabilité papa manman pou mèt plis si marmay. Y obliz anou viv pou ashté kom dan péi déor. Zinformasion dann télé lé mantèr épi i sava dan in sèl koté, piblisité i rèspek pa nout manièr war la vi, nout kisanoulé é li mèt touzour sat péi déor dan nout koko tèt.
Bann program dan lédikasyion lékol i rod ryink ranpli la tèt marmay ek bann modèl kiltirèl é ékonomik, sat i konsern pa nou, sat lé pa bon po nou. Y rabès nout lang ek listwar nout péi. Bandna i mèt an lèr bann valèr lé kont natir, i mèt an lèr shakinn pou son shakinn. Zot i protèz pa sat lé atèr, azot minm y désid sat nou la bozwin sat lé bon po nou, lo méyèr lé touzour po zot. Nout mizik lé rabésé (dann radio, télé, zournal, internèt, dan tout kalité manifèstasion kiltirèl), nout fason dansé, nout fason kozé, nout fason ékrir, nout fason fé désin, nout bann tizanèr, nout patrimwan lé abandoné, nout bann pratik po lo respé nout bann zansèt (servis, lomaz zansèt, tout bann fèt rélizion) ek tout nout bann tradision (la pèsh, la shas, rod bwa sèk). Partou na makrotaz po in plas sinonsa in subvansion po fé lo fransé, tout lé tèt anba, na pi riyn y marsh, na pi riyn y rosanm anou.
An misouk bandna i rod pou défann anou planté po manzé, mont lantrepriz ek gran lizinn, i défann anou form nout bann zinn, y anpès azot trouv in vré travay dan zot péi, y anvoy azot lot koté la mèr po armèt domoun andéor travay nout plas. Makrotaz, préférans po mantalité gro kolon, la vi shèr y profit riynk po sat lé anlèr.
Di sat nou ve bann zéli i fé pa in kont avèk, lo bann domoun i travay dann ladministrasion lé konplis é zot i di pa riyn osi.
Toutsat lé dakor ansanm tousala, alon sign lo shart kontkolonial é fé tout po fé respèkt ali.
Emmanuel Macron a désigné François Lecointre nouveau chef d’état-major des armées. Quel a été son rôle dans l’opération Turquoise au Rwanda, en 1994, lors du génocide des Tutsis?
Entretien avec Jacques Morel
Un petit problème va éclater à nouveau – en plus des plaintes en cascade relayées par les députés LR (Les Républicains) sur les «conditions de vie misérables» des militaires et donc l’augmentation du budget –, celui ayant trait au passé du remplaçant de Pierre de Villiers comme CMA (chef d’état-major des armées): le général François Lecointre.
• Le 29 juin 2017, le quotidien La Croix annonçait: «La banque française BNP Paribas a été visée ce jeudi 29 juin par une plainte portée par trois associations. Elles l’accusent de «complicité de génocide» au Rwanda.» La journaliste de La Croix, Aurore Duplessis, concluait: «Jacques Morel [1], ancien mathématicien au CNRS, a rassemblé durant douze ans plusieurs documents sur l’implication de la France au Rwanda. Selon lui, la BNP ne pouvait pas ignorer ce qui se passait.» L’association anticorruption Sherpa, le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) et Ibuka France ont annoncé qu’elles déposaient jeudi 29 juin une plainte avec constitution de partie civile visant BNP Paribas pour «complicité de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité».
«Les associations en question – poursuit Jacques Morel – accusent le groupe bancaire d’avoir contribué au financement d’un achat illégal d’armes à destination du Rwanda en juin 1994, malgré un embargo sur les armes voté par l’ONU le 17 mai 1994. Le pays subissait à cette date un génocide des Tutsis qui fera 800’000 morts entre avril et juillet 1994.
• Dans son écrit Quand la BNP se prêtait à des achats d’armes pour achever les Tutsis, paru en 2014, Jacques Morel pointe notamment le rôle des entreprises privées comme la BNP Paribas dans le génocide rwandais. Il déclare dans cet entretien: «Les accusations sont très largement documentées grâce aux rapports des audiences du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) et dans des rapports de la commission d’enquête internationale de l’ONU sur le Rwanda ou d’ONG comme Human Rights Watch. Il est question ici de deux versements d’argent effectués les 14 et 16 juin 1994, au marchand d’armes sud-africain Petrus Willem Ehlers, un officiel zaïrois et au colonel Bagosora, directeur de cabinet au ministère de la défense rwandais, aujourd’hui en prison après sa condamnation à trente-cinq ans de réclusion par le TPIR pour génocide. Le compte commanditaire en question est un compte au nom de la Banque nationale du Rwanda. Donc la BNP savait que cette opération était ordonnée par le gouvernement rwandais. Début juin 1994, le génocide des Tutsis est de notoriété publique. Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, avait reconnu dès le 18 mai 1994 que les victimes étaient les Tutsis, les assassins des miliciens et des membres des forces gouvernementales rwandaises. Il était aussi connu à l’époque que les miliciens étaient équipés par l’armée gouvernementale rwandaise. Par ailleurs, la publication de l’Ordre d’opération Amaryllis montre que les autorités françaises savent dès le 8 avril 1994 que le génocide des Tutsis a été commencé à Kigali par la garde présidentielle. Si la banque avait tenu compte de l’embargo de l’ONU, elle se devait d’enquêter sur la destination de ces fonds.»
• Dans un entretien avec la journaliste Lola Ruscio publié le vendredi 21 juillet Jacques Morel souligne qu’Emmanuel Macron a choisi François Lecointre en tant que chef d’état-major des armées, alors que ce dernier a fait partie de l’opération Turquoise au Rwanda. A ce propos une interrogation s’impose: quel a été son rôle dans le génocide du Rwanda. Voici les questions et les réponses. (Réd. A l’Encontre)
Emmanuel Macron a désigné François Lecointre nouveau chef d’état-major des armées. Quel a été son rôle dans l’opération Turquoise au Rwanda, en 1994, lors du génocide des Tutsis?
Jacques Morel : Il était capitaine d’infanterie de marine. François Lecointre était affecté au groupement Nord Turquoise, où il était responsable du secteur de la commune de Gisovu. Responsable des troupes, il collaborait avec le directeur de l’usine à thé, Alfred Musema, un des organisateurs du génocide dans la région de Bisesero. Nous en avons des preuves. Au moment de son procès au Tribunal pénal international pour le Rwanda (Tpir), où il a été condamné à perpétuité pour génocide, une pièce à conviction déposée par sa défense est une lettre du capitaine Lecointre adressée à Musema.
Dans cette missive datée du 18 juillet 1994, il l’informe qu’il va changer de secteur et qu’il laisse la région à un subordonné. Ce document montre que leurs relations étaient cordiales. Au lieu d’enquêter et de l’arrêter, Lecointre a collaboré avec lui. Ce ne sont pas les seuls éléments.
Dans une lettre rédigée dans l’Ancre d’or, datée du 18 juillet, le capitaine évoque les sauvetages d’enfants tutsis cachés chez des Hutus. Il y décrit des opérations de sauvetage qui se déroulaient la nuit, sans lampe, pour ne pas être repérés par les miliciens, qui, dit-il, «poursuivent leurs patrouilles de nuit». Preuve que les Français ont laissé les miliciens opérer librement dans la zone «humanitaire sûre» décrétée par l’Hexagone début juillet. Cette zone humanitaire était sûre pour les miliciens, car ils pouvaient continuer à opérer sans être attaqués par le Front patriotique rwandais (FPR). De fait, le nouveau chef d’état-major défendait les auteurs du génocide rwandais.
Pendant sa campagne, Emmanuel Macron s’était engagé à «réconcilier les mémoires». Avec la nomination de François Lecointre, dans quelle tradition idéologique s’inscrit-il?
Jacques Morel: Il poursuit la ligne de Jean-Yves Le Drian, ex-ministre de la Défense sous François Hollande. Ce professeur d’histoire-géographie couvrait sans cesse le génocide rwandais. Il disait notamment que la France devait être fière de ce qu’elle avait fait là-bas. Pourtant, les documents publiés par la mission d’information parlementaire de 1998 sont extrêmement compromettants. L’armée française est mouillée jusqu’au cou. On est dans le pire mensonge. D’ailleurs, l’actuel sous-chef d’état-major «opérations», Grégoire de Saint-Quentin, était l’un des premiers sur les lieux du crash de l’avion du président rwandais, Juvénal Habyarimana, lors de l’attentat du 6 avril 1994.
Quel signal cette nomination envoie-t-elle quant à la conception des missions de l’armée française, notamment en Afrique?
Jacques Morel. François Lecointre, un officier des troupes de marine, autrement dit des troupes coloniales, a été nommé à la tête des armées. Signe que l’armée française intervient pour contrôler des pays africains, motivée par des raisons de puissance et d’enjeux pétroliers. C’est une vision postcoloniale. Emmanuel Macron justifie les opérations françaises au Sahel, entre autres l’opération Barkhane commandée par le général Bruno Guibert, impliqué lui aussi dans le génocide rwandais, au motif de lutter contre le terrorisme et d’assurer notre sécurité, alors que des commandants ont collaboré avec les pires assassins. La France se porterait mieux si elle rapatriait ses troupes d’Afrique. (Entretien publié dans l’Humanité, en date du 21 juillet 2017)
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[1] Sur sa page personnelle peuvent être retrouvés une partie des documents qu’il a rassemblés au cours de son enquête: http://jacques.morel67.pagesperso-orange.fr/ (Réd. A l’Encontre)
Un petit problème va éclater à nouveau – en plus des plaintes en cascade relayées par les députés LR (Les Républicains) sur les «conditions de vie misérables» des militaires et donc l’augmentation du budget –, celui ayant trait au passé du remplaçant de Pierre de Villiers comme CMA (chef d’état-major des armées): le général François Lecointre.
• Le 29 juin 2017, le quotidien La Croix annonçait: «La banque française BNP Paribas a été visée ce jeudi 29 juin par une plainte portée par trois associations. Elles l’accusent de «complicité de génocide» au Rwanda.» La journaliste de La Croix, Aurore Duplessis, concluait: «Jacques Morel [1], ancien mathématicien au CNRS, a rassemblé durant douze ans plusieurs documents sur l’implication de la France au Rwanda. Selon lui, la BNP ne pouvait pas ignorer ce qui se passait.» L’association anticorruption Sherpa, le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) et Ibuka France ont annoncé qu’elles déposaient jeudi 29 juin une plainte avec constitution de partie civile visant BNP Paribas pour «complicité de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité».
«Les associations en question – poursuit Jacques Morel – accusent le groupe bancaire d’avoir contribué au financement d’un achat illégal d’armes à destination du Rwanda en juin 1994, malgré un embargo sur les armes voté par l’ONU le 17 mai 1994. Le pays subissait à cette date un génocide des Tutsis qui fera 800’000 morts entre avril et juillet 1994.
• Dans son écrit Quand la BNP se prêtait à des achats d’armes pour achever les Tutsis, paru en 2014, Jacques Morel pointe notamment le rôle des entreprises privées comme la BNP Paribas dans le génocide rwandais. Il déclare dans cet entretien: «Les accusations sont très largement documentées grâce aux rapports des audiences du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) et dans des rapports de la commission d’enquête internationale de l’ONU sur le Rwanda ou d’ONG comme Human Rights Watch. Il est question ici de deux versements d’argent effectués les 14 et 16 juin 1994, au marchand d’armes sud-africain Petrus Willem Ehlers, un officiel zaïrois et au colonel Bagosora, directeur de cabinet au ministère de la défense rwandais, aujourd’hui en prison après sa condamnation à trente-cinq ans de réclusion par le TPIR pour génocide. Le compte commanditaire en question est un compte au nom de la Banque nationale du Rwanda. Donc la BNP savait que cette opération était ordonnée par le gouvernement rwandais. Début juin 1994, le génocide des Tutsis est de notoriété publique. Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, avait reconnu dès le 18 mai 1994 que les victimes étaient les Tutsis, les assassins des miliciens et des membres des forces gouvernementales rwandaises. Il était aussi connu à l’époque que les miliciens étaient équipés par l’armée gouvernementale rwandaise. Par ailleurs, la publication de l’Ordre d’opération Amaryllis montre que les autorités françaises savent dès le 8 avril 1994 que le génocide des Tutsis a été commencé à Kigali par la garde présidentielle. Si la banque avait tenu compte de l’embargo de l’ONU, elle se devait d’enquêter sur la destination de ces fonds.»
• Dans un entretien avec la journaliste Lola Ruscio publié le vendredi 21 juillet Jacques Morel souligne qu’Emmanuel Macron a choisi François Lecointre en tant que chef d’état-major des armées, alors que ce dernier a fait partie de l’opération Turquoise au Rwanda. A ce propos une interrogation s’impose: quel a été son rôle dans le génocide du Rwanda. Voici les questions et les réponses. (Réd. A l’Encontre)
Emmanuel Macron a désigné François Lecointre nouveau chef d’état-major des armées. Quel a été son rôle dans l’opération Turquoise au Rwanda, en 1994, lors du génocide des Tutsis?
Jacques Morel : Il était capitaine d’infanterie de marine. François Lecointre était affecté au groupement Nord Turquoise, où il était responsable du secteur de la commune de Gisovu. Responsable des troupes, il collaborait avec le directeur de l’usine à thé, Alfred Musema, un des organisateurs du génocide dans la région de Bisesero. Nous en avons des preuves. Au moment de son procès au Tribunal pénal international pour le Rwanda (Tpir), où il a été condamné à perpétuité pour génocide, une pièce à conviction déposée par sa défense est une lettre du capitaine Lecointre adressée à Musema.
Dans cette missive datée du 18 juillet 1994, il l’informe qu’il va changer de secteur et qu’il laisse la région à un subordonné. Ce document montre que leurs relations étaient cordiales. Au lieu d’enquêter et de l’arrêter, Lecointre a collaboré avec lui. Ce ne sont pas les seuls éléments.
Dans une lettre rédigée dans l’Ancre d’or, datée du 18 juillet, le capitaine évoque les sauvetages d’enfants tutsis cachés chez des Hutus. Il y décrit des opérations de sauvetage qui se déroulaient la nuit, sans lampe, pour ne pas être repérés par les miliciens, qui, dit-il, «poursuivent leurs patrouilles de nuit». Preuve que les Français ont laissé les miliciens opérer librement dans la zone «humanitaire sûre» décrétée par l’Hexagone début juillet. Cette zone humanitaire était sûre pour les miliciens, car ils pouvaient continuer à opérer sans être attaqués par le Front patriotique rwandais (FPR). De fait, le nouveau chef d’état-major défendait les auteurs du génocide rwandais.
Pendant sa campagne, Emmanuel Macron s’était engagé à «réconcilier les mémoires». Avec la nomination de François Lecointre, dans quelle tradition idéologique s’inscrit-il?
Jacques Morel: Il poursuit la ligne de Jean-Yves Le Drian, ex-ministre de la Défense sous François Hollande. Ce professeur d’histoire-géographie couvrait sans cesse le génocide rwandais. Il disait notamment que la France devait être fière de ce qu’elle avait fait là-bas. Pourtant, les documents publiés par la mission d’information parlementaire de 1998 sont extrêmement compromettants. L’armée française est mouillée jusqu’au cou. On est dans le pire mensonge. D’ailleurs, l’actuel sous-chef d’état-major «opérations», Grégoire de Saint-Quentin, était l’un des premiers sur les lieux du crash de l’avion du président rwandais, Juvénal Habyarimana, lors de l’attentat du 6 avril 1994.
Quel signal cette nomination envoie-t-elle quant à la conception des missions de l’armée française, notamment en Afrique?
Jacques Morel. François Lecointre, un officier des troupes de marine, autrement dit des troupes coloniales, a été nommé à la tête des armées. Signe que l’armée française intervient pour contrôler des pays africains, motivée par des raisons de puissance et d’enjeux pétroliers. C’est une vision postcoloniale. Emmanuel Macron justifie les opérations françaises au Sahel, entre autres l’opération Barkhane commandée par le général Bruno Guibert, impliqué lui aussi dans le génocide rwandais, au motif de lutter contre le terrorisme et d’assurer notre sécurité, alors que des commandants ont collaboré avec les pires assassins. La France se porterait mieux si elle rapatriait ses troupes d’Afrique. (Entretien publié dans l’Humanité, en date du 21 juillet 2017)
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[1] Sur sa page personnelle peuvent être retrouvés une partie des documents qu’il a rassemblés au cours de son enquête: http://jacques.morel67.pagesperso-orange.fr/ (Réd. A l’Encontre)
le bob et ses sons magiques
C'est l’association Cimendef en juin 1992 qui le fait jouer pour plus de 400 créoles, en grande majorité des collégiens. Toujours avec Cimendef, la même année, du 8 au 14 juillet, Etienne Bob joue en vedette du 1er Festival International de Conte organisé à Saint-André par le collège Bédier.
décès de barret jean claude (source Bernard grondin, porte parole du LPLP)
RENCONTRES DE LA FONDATION POUR UN PROJET RADICAL D'EMANCIPATION SOCIALE
Depuis au moins février 2015, la Fondation Héva organise ou ses membres participent à des rencontres formelles ou informelles, échanges, chantiers ou autre espace de discussion autour d'un projet radical de transformation sociale.
Trois constats :
1° il y a bien une demande d'expression neuve, citoyenne et populaire.
2° trop souvent cette demande se trouve court-circuité par l'idée et la volonté de renouveler simplement la classe politique
3° l'absence de routeur et d'aiguillon politique , de finalités politiques claires en raison de ce court-circuitage
4° ceux qui prônent l'unité servent trop souvent leurs propres intérêts ou ceux des anciens vieux partis décadents, en utilisant une verve participative, ceux-là mêmes qui parlent d'unité rêvent de faire taire tout courant indépendant, tout mouvement local, toute auto-organisation
5°la Fondation Héva continue à s'engager dans l'éducation populaire et la recherche collective des moyens de notre émancipation
Trois constats :
1° il y a bien une demande d'expression neuve, citoyenne et populaire.
2° trop souvent cette demande se trouve court-circuité par l'idée et la volonté de renouveler simplement la classe politique
3° l'absence de routeur et d'aiguillon politique , de finalités politiques claires en raison de ce court-circuitage
4° ceux qui prônent l'unité servent trop souvent leurs propres intérêts ou ceux des anciens vieux partis décadents, en utilisant une verve participative, ceux-là mêmes qui parlent d'unité rêvent de faire taire tout courant indépendant, tout mouvement local, toute auto-organisation
5°la Fondation Héva continue à s'engager dans l'éducation populaire et la recherche collective des moyens de notre émancipation
KAnmpan plante po manze
Qui a parlé d’échec de la départementalisation de Mayotte???
Source :
http://alencontre.org/europe/france/mayotte-greve-generale-silence-colonial-et-blindes-pour-la-repression.html
Publié le 12 avril 2016
Mayotte : grève générale, silence colonial et blindés pour la répression
Au 12e jour de grève générale illimitée pour «l’égalité réelle et la justice» démarrée au lendemain des deux journées de grève contre la loi travail les 30 et 31 mars, pas un seul média n’en parle en France métropolitaine, pas une ligne, pas une seconde. Mayotte est pourtant un département français. En réalité, c’est parce que les210 000 habitants de Mayotte (et les dizaines de milliers de clandestins venant des Comores) vivent dans une des pires sociétés coloniales ; 82% à 92% de la population y vit sous le seuil de pauvreté alors que le coût de la vie est le plus élevé de tous les territoires français1 ; le taux de chômage y est de 20% (46,5% pour les jeunes) auquel il faut ajouter les clandestins; le taux d’illettrisme bat des records ; il n’existe qu’un seul centre hospitalier, soit moins de deux lits pour 1000 habitants contre six en métropole ; le nombre d’écoles est tellement insuffisant qu’il leur faut parfois fonctionner par rotation ; tout cela sur le territoire le plus pauvre de la République et où 50% de la population a moins de 20 ans. C’est explosif.
Le taux de chômage associé à la violence policière, la peur de perdre son emploi, la peur du chef, en particulier « blanc », la peur du préfet, espèce de gouverneur colonial, de sa police ou justice, est en train de voler en éclats dans la grève, les manifestations et les barrages. Les grévistes et manifestants veulent l’application immédiate et intégrale à Mayotte du Code du travail de France métropolitaine, l’application immédiate des Conventions collectives nationales, l’alignement immédiat des pensions minimum au niveau de la métropole, le reclassement avec reconstitution de carrière reprenant en compte la totalité de l’ancienneté des agents des fonctions publiques, l’alignement au niveau de la métropole de toutes les prestations sociales2.
Mais le slogan « d’égalité réelle » fait aussi référence au rapport du même nom du député PS, V. Lurel, déposé à la mi-mars auprès du gouvernement, qui devrait réglementer les 25 prochaines années des Dom-Tom.
Il prévoit de supprimer la majoration de 40% des salaires des fonctionnaires, d’augmenter les impôts, la TVA, de doubler l’octroi de mer de 2,5 à 5%, une taxe sur toutes les marchandises qui rentrent et l’élargir aux services afin de financer la suppression des cotisations sociales et fiscales des patrons.
Bref le PS veut taxer plus les plus pauvres pour donner plus aux riches et créer des « zones franches globales » sans charges ni code du travail qu’il baptise « plus grande autonomie locale ».
Pour défendre cette « loi travail coloniale » contre les barrages des manifestants, le pouvoir a sorti les blindés. Déjà en novembre, lorsque le mouvement avait débuté – interrompu par l’état d’urgence – sa police avait tiré à balles réelles sur les jeunes. Rompre le silence sur la grève générale à Mayotte, c’est le minimum pour nous qui vivons dans la puissance coloniale. C’est aussi lier nos combats à ceux des habitants de Mayotte, puisqu’ils le font eux-mêmes, alors qu’ici les jeunes et les salariés se mobilisent contre une loi travail métropolitaine qui est au fond aussi une transformation du pays en « zone franche ». C’est enfin avec les « Nuits debout » accueillir le combat des mahorais par une parole internationaliste et ce qui nous passionne tous : « l’égalité réelle ».
Jacques Chastaing, 11 avril 2016
La départementalisation une Imposture…
La départementalisation une Imposture… un bide pour ses parrains, un échec total de la politique d’assimilation.
La Réunion, de 1946 vient de traverser dans la misère une période difficile, celle de la 2ème guerre européenne – dite mondiale pour abuser les colonisés. A la Réunion, malgré la misère due à la guerreet l’embargo, la population n’a pas connu la famine. Deux ans après le vote de la loi scélérate du 19 mars 46, instaurant la départementalisation, la menace de famine plane sur la réunion, Hyppolite Piot le maire de St Louis et conseiller communiste de l’Union Française, avec le préfet attire l’attention des pouvoir publics cette menace sur la population réunionnaise, aussi « il demande à la mère patrie de ne pas abandonner ses enfants fidèles à l’heure où ils ont faim ». Dès le départ, la départementalisation, cette escroquerie morale avait des ratés, et cela s’est empiré depuis 70 ans
Un peu d’histoire semble nécessaire
Le 26 octobre 1945, la SDN (l’ONU zordi) vote une résolution affirmant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, recommandant aux puissances coloniales de décoloniser. La France signe cette résolution et s’assoie dessus. La Réunion notre pays comme les trois autres vieilles colonies échappaient aux vagues de décolonisation des années 60 réduisant l’empire colonial.
Les deux députés communistes Constituant élus pour donner à la France dévastée, désorganisée une Constitution, dans la fièvre du Front populaire, abusant leurs collègues de l’Assemblée Constituante, composé de gaullistes, de communistes, de socialistes français enrôlés dans la franc maçonnerie, « nos » députés se démènent pour sauver le reste de l’empire et soustraire la Réunion des recommandation de la SDN. Le mensonge, la duperie, seront leurs armes favorites de l’acte de forfaiture abusent l’ensemble de l’Assemblée, laissant entendre par leurs déclarations qu’une population française vivait à la Réunion. Seul Paul Valentino, député socialiste Guadeloupéen de l’époque s’est dressé contre cette manipulation de l’Assemblée et contre la loi d’assimilation. Sa voix a été étouffée, personne ne le connaît ou entendu parler. Ainsi de Le Pervanche petit blanc communiste français ? (ex vendeur de manioc, ex facteur ou agent syndicaliste des chemins de fer) ose la déclaration suivante « Nous tenons aussi à déclarer que nous ne connaissons pas de profondes différences qui existent entre nos populations et celle de la métropole. Il n’y a en effet chez nous aucun problème linguistique, culturel ou national » . il efface la langue créole, la diversité de population d’ici, kafs, yabs, malbars, zarabs èk sinwa (les afros descendants d’esclavagisés, ou encore les engagés). Il crée volontairement une confusion dans l’esprit des parlementaires français avec les blancs habitants de St Pierre et Miquelon, On croirait entendre avant l’heure le slogan « Nou lé pa pliss, nou lé pa mwin » du petit fils prodige jeunesse rebelle? de Raymond Vergès, l’autre député de la constituante « le philanthrope » dans tém. 2 07 1987) qui fit avec véhémence la déclaration suivante « …mais là, je précise avec satisfaction que les mauvais traitements signalés dans d’autres possessions (li di pa koloni) françaises ou étrangères furent extrêmement rares à la Réunion… il ajoute … lors de la libération des esclaves, il n’est pas douteux que si aucune violence ne fut commise, ni la moindre goutte de sang versée on le doit à cette relative mansuétude ». Il arriverait même à nous faire avaler que les groblan-esclavagistes de la Réunion étaient de bons amaritains, meilleurs que ceux d’ailleurs. Tous nos martyrs, toutes les révoltes et résistances toutes les souffrances les humiliations et vexations sont étouffés sous le talon de fer vergésien. Rien d’étonnant des supplétifs du système colonial… en plus descendants d’esclavagistes asservis*, ( la grand-mère de Raymond , Hermelinde de Marquet comptait 121 esclaves lors de l’abolition en 1848)
Les Sarda de 1946 – La loi de 46 un attentat contre le peuple Réniyoné
En digne héritier de Sarda Garriga, ke la roule les esclaves en 1848, (Oté Sarda twé la roule anou) dixit A. Gauvin/Ziskakan, les deux députés communistes ont roulé les réunionnais dans la farine de la départementalisation, promettant un bonheur inégalé pour demain… dans une politique d’assimilation, de reniement de noute Nasiyon, de noute réunionité en quelque sorte.
Ainsi s’est organisé un attentat légal contre le peuple Réunionnais, contre le devenir de la société réunionnaise. Le déclin a commençé. Comme le lait qui tourne sans bouger, les deux députés du CRADS, communistes devenus, assoiffés d’ambition de pouvoir ont voulu le changement dans la continuité.
Avant cette date fatidique de 46, la Réunion connaissait la misère, mais la production locale répondait grandement aux besoins de la population. La balance commerciale se permettait même d’être excédentaire, aujourd’hui, avec « les progrès de la départementalisation » notre pays ne produit plus rien, sauf quelques morceaux de cannes déjà voués à la disparition entre 2017 et 2020. Peut on parler encore de balance commerciale, quand la Réunion est devenue un pays assisté (taux de couverture, 6,5à 7%).
La ruine est générale, le malaise est profond et sans précédent - la montée exponentielle du chômage laisse une jeunesse désoeuvrée dans l’oisiveté avec une montée de la délinquance et des suicides, 3 à 4 tentatives par jour, 4 à 5 réussis à déplorer par semaine.
Le CNARM continue l’œuvre néfaste du BUMIDOM société commerciale de l’Etat (enfants de la Creuse)
Contrairement à ce qui se dit dans les rangs des « camarades » la départementalisation n’a pas aboli le système colonial, mais l’a accentué, la dure réalité s’impose, le maquillage s’effondre.
Le CNARM, remplace le BUMIDOM de 1963 (société commerciale) version Compagnie des Indes Orientales, poursuit la politique de déportation de la jeunesse réunionnaise. Alors qu’en France les entreprises ferment les unes derrière les autres, le Conseil Général avec son CNARM continuent à faire miroiter emploi et avenir à nos enfants. La SNCF recrute à la Réunion et supprime des milliers d’emplois depuis 2014. Les magasins Casino qui recrutent à la Réunion nous fera croire qu’ils ne trouvent pas des caissières dans le France de 5 millions de chômeurs. Nos enfants chômeurs ici seront comptabilisés dans le chômage en France. Aujourd’hui plus de 220 000 filles et fils de la Réunion vivent l’exil comme solution de survie. Un troc de population est organisé, nos enfants partis sont remplacés, des « blanvenus » sont installés, des réseaux de sankoulèrs se constituent, ces gens là ne pointent pas à Pôle emploi – nos emplois leur sont réservés, réduisant ainsi les chances de nos enfants de vivre et travailler au pays.
La départementalisation ziskakan ? la belle réussite…
Des milliers de familles réunionnaises (25 à 30 000) attendent depuis des années un logement décent. Le manque de logement et d’emploi semble être guidé par une volonté diabolique de serviles politiciens de changer le rapport démographique de la population. Ce qu’ils ont presque réussi en Kanaky, le « peupler blanc » du sinistre Messmer. Un génocide silencieux s’organise contre le peuple réunionnais !!!
Le chômage frappe 35 à 40% de la population active, 343 000 personnes officiellement, vivent en dessous du seuil de pauvreté, parfois avec moins de 250€/mois – 86 300 foyers vivent de prestations sociales diverses dont le RSA, 240 000 personnes bénéficient de prestations légales.
A elle seule, la Réunion regroupe 52% du total des chômeurs des DOM. Mayotte avec 29% de chômage détient la palme dans l’océan indien.
Les Seychelles indépendants comptent 2,7% de chômeurs, Madagascar 2,8%, un peu moins de 7,5% pour l’ïle Maurice pays souverains.
Sortir de l’impasse coloniale par l’Indépendance
Après 70 ans de cette départementalisation décrétée en 1946, la Réunion se trouve être l’un des plus pauvres « départements français ». Plus de 130 000 personnes ne savent toujours ni lire, ni écrire. La population âgée vit quasiment dans l’insécurité alimentaire et sanitaire, sans les soins nécessaires à leur état de santé dû à leur grand âge.
La départementalisation franco-européenne quartmondialise la Réunion. Des convois de distribution de colis alimentaires s’organisent pour répondre aux urgences des quartiers déshérités,les déchetteries sont fouillées, les pauvres d’aujourd’hui disputent aux rats et aux mouche la ration d’un jour, dorment dehors, sous les ponts, dans des grottes vu (dans les Hirondelles à St Joseph, dans les remparts de la Riv d’Abord à St Pierre). La départementalisation, cette belle réussite pour « nos camarades » de Ste Suzanne des restes du pcr en lambeau.
Les politiciens, un peu cheval de Troie de l’impérialisme tournent en rond autour de leur coffre fort colonial, font le constat de la désagrégation de la société, mais refusent de conclure le changement radical qui s’impose.
Pour sauver le pays et le peuple réunionnais, et finir avec la domination colonialo-impérialiste française, l’indépendance Nationale, avec rupture des liens de subordination avec la métropole s’impose plus que jamais.
Le 19 mars 2016
Pour le Mouvman Antikoloniyalis Réniyoné ( le M.A.R)
J. Claude Barret
La Réunion, de 1946 vient de traverser dans la misère une période difficile, celle de la 2ème guerre européenne – dite mondiale pour abuser les colonisés. A la Réunion, malgré la misère due à la guerreet l’embargo, la population n’a pas connu la famine. Deux ans après le vote de la loi scélérate du 19 mars 46, instaurant la départementalisation, la menace de famine plane sur la réunion, Hyppolite Piot le maire de St Louis et conseiller communiste de l’Union Française, avec le préfet attire l’attention des pouvoir publics cette menace sur la population réunionnaise, aussi « il demande à la mère patrie de ne pas abandonner ses enfants fidèles à l’heure où ils ont faim ». Dès le départ, la départementalisation, cette escroquerie morale avait des ratés, et cela s’est empiré depuis 70 ans
Un peu d’histoire semble nécessaire
Le 26 octobre 1945, la SDN (l’ONU zordi) vote une résolution affirmant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, recommandant aux puissances coloniales de décoloniser. La France signe cette résolution et s’assoie dessus. La Réunion notre pays comme les trois autres vieilles colonies échappaient aux vagues de décolonisation des années 60 réduisant l’empire colonial.
Les deux députés communistes Constituant élus pour donner à la France dévastée, désorganisée une Constitution, dans la fièvre du Front populaire, abusant leurs collègues de l’Assemblée Constituante, composé de gaullistes, de communistes, de socialistes français enrôlés dans la franc maçonnerie, « nos » députés se démènent pour sauver le reste de l’empire et soustraire la Réunion des recommandation de la SDN. Le mensonge, la duperie, seront leurs armes favorites de l’acte de forfaiture abusent l’ensemble de l’Assemblée, laissant entendre par leurs déclarations qu’une population française vivait à la Réunion. Seul Paul Valentino, député socialiste Guadeloupéen de l’époque s’est dressé contre cette manipulation de l’Assemblée et contre la loi d’assimilation. Sa voix a été étouffée, personne ne le connaît ou entendu parler. Ainsi de Le Pervanche petit blanc communiste français ? (ex vendeur de manioc, ex facteur ou agent syndicaliste des chemins de fer) ose la déclaration suivante « Nous tenons aussi à déclarer que nous ne connaissons pas de profondes différences qui existent entre nos populations et celle de la métropole. Il n’y a en effet chez nous aucun problème linguistique, culturel ou national » . il efface la langue créole, la diversité de population d’ici, kafs, yabs, malbars, zarabs èk sinwa (les afros descendants d’esclavagisés, ou encore les engagés). Il crée volontairement une confusion dans l’esprit des parlementaires français avec les blancs habitants de St Pierre et Miquelon, On croirait entendre avant l’heure le slogan « Nou lé pa pliss, nou lé pa mwin » du petit fils prodige jeunesse rebelle? de Raymond Vergès, l’autre député de la constituante « le philanthrope » dans tém. 2 07 1987) qui fit avec véhémence la déclaration suivante « …mais là, je précise avec satisfaction que les mauvais traitements signalés dans d’autres possessions (li di pa koloni) françaises ou étrangères furent extrêmement rares à la Réunion… il ajoute … lors de la libération des esclaves, il n’est pas douteux que si aucune violence ne fut commise, ni la moindre goutte de sang versée on le doit à cette relative mansuétude ». Il arriverait même à nous faire avaler que les groblan-esclavagistes de la Réunion étaient de bons amaritains, meilleurs que ceux d’ailleurs. Tous nos martyrs, toutes les révoltes et résistances toutes les souffrances les humiliations et vexations sont étouffés sous le talon de fer vergésien. Rien d’étonnant des supplétifs du système colonial… en plus descendants d’esclavagistes asservis*, ( la grand-mère de Raymond , Hermelinde de Marquet comptait 121 esclaves lors de l’abolition en 1848)
Les Sarda de 1946 – La loi de 46 un attentat contre le peuple Réniyoné
En digne héritier de Sarda Garriga, ke la roule les esclaves en 1848, (Oté Sarda twé la roule anou) dixit A. Gauvin/Ziskakan, les deux députés communistes ont roulé les réunionnais dans la farine de la départementalisation, promettant un bonheur inégalé pour demain… dans une politique d’assimilation, de reniement de noute Nasiyon, de noute réunionité en quelque sorte.
Ainsi s’est organisé un attentat légal contre le peuple Réunionnais, contre le devenir de la société réunionnaise. Le déclin a commençé. Comme le lait qui tourne sans bouger, les deux députés du CRADS, communistes devenus, assoiffés d’ambition de pouvoir ont voulu le changement dans la continuité.
Avant cette date fatidique de 46, la Réunion connaissait la misère, mais la production locale répondait grandement aux besoins de la population. La balance commerciale se permettait même d’être excédentaire, aujourd’hui, avec « les progrès de la départementalisation » notre pays ne produit plus rien, sauf quelques morceaux de cannes déjà voués à la disparition entre 2017 et 2020. Peut on parler encore de balance commerciale, quand la Réunion est devenue un pays assisté (taux de couverture, 6,5à 7%).
La ruine est générale, le malaise est profond et sans précédent - la montée exponentielle du chômage laisse une jeunesse désoeuvrée dans l’oisiveté avec une montée de la délinquance et des suicides, 3 à 4 tentatives par jour, 4 à 5 réussis à déplorer par semaine.
Le CNARM continue l’œuvre néfaste du BUMIDOM société commerciale de l’Etat (enfants de la Creuse)
Contrairement à ce qui se dit dans les rangs des « camarades » la départementalisation n’a pas aboli le système colonial, mais l’a accentué, la dure réalité s’impose, le maquillage s’effondre.
Le CNARM, remplace le BUMIDOM de 1963 (société commerciale) version Compagnie des Indes Orientales, poursuit la politique de déportation de la jeunesse réunionnaise. Alors qu’en France les entreprises ferment les unes derrière les autres, le Conseil Général avec son CNARM continuent à faire miroiter emploi et avenir à nos enfants. La SNCF recrute à la Réunion et supprime des milliers d’emplois depuis 2014. Les magasins Casino qui recrutent à la Réunion nous fera croire qu’ils ne trouvent pas des caissières dans le France de 5 millions de chômeurs. Nos enfants chômeurs ici seront comptabilisés dans le chômage en France. Aujourd’hui plus de 220 000 filles et fils de la Réunion vivent l’exil comme solution de survie. Un troc de population est organisé, nos enfants partis sont remplacés, des « blanvenus » sont installés, des réseaux de sankoulèrs se constituent, ces gens là ne pointent pas à Pôle emploi – nos emplois leur sont réservés, réduisant ainsi les chances de nos enfants de vivre et travailler au pays.
La départementalisation ziskakan ? la belle réussite…
Des milliers de familles réunionnaises (25 à 30 000) attendent depuis des années un logement décent. Le manque de logement et d’emploi semble être guidé par une volonté diabolique de serviles politiciens de changer le rapport démographique de la population. Ce qu’ils ont presque réussi en Kanaky, le « peupler blanc » du sinistre Messmer. Un génocide silencieux s’organise contre le peuple réunionnais !!!
Le chômage frappe 35 à 40% de la population active, 343 000 personnes officiellement, vivent en dessous du seuil de pauvreté, parfois avec moins de 250€/mois – 86 300 foyers vivent de prestations sociales diverses dont le RSA, 240 000 personnes bénéficient de prestations légales.
A elle seule, la Réunion regroupe 52% du total des chômeurs des DOM. Mayotte avec 29% de chômage détient la palme dans l’océan indien.
Les Seychelles indépendants comptent 2,7% de chômeurs, Madagascar 2,8%, un peu moins de 7,5% pour l’ïle Maurice pays souverains.
Sortir de l’impasse coloniale par l’Indépendance
Après 70 ans de cette départementalisation décrétée en 1946, la Réunion se trouve être l’un des plus pauvres « départements français ». Plus de 130 000 personnes ne savent toujours ni lire, ni écrire. La population âgée vit quasiment dans l’insécurité alimentaire et sanitaire, sans les soins nécessaires à leur état de santé dû à leur grand âge.
La départementalisation franco-européenne quartmondialise la Réunion. Des convois de distribution de colis alimentaires s’organisent pour répondre aux urgences des quartiers déshérités,les déchetteries sont fouillées, les pauvres d’aujourd’hui disputent aux rats et aux mouche la ration d’un jour, dorment dehors, sous les ponts, dans des grottes vu (dans les Hirondelles à St Joseph, dans les remparts de la Riv d’Abord à St Pierre). La départementalisation, cette belle réussite pour « nos camarades » de Ste Suzanne des restes du pcr en lambeau.
Les politiciens, un peu cheval de Troie de l’impérialisme tournent en rond autour de leur coffre fort colonial, font le constat de la désagrégation de la société, mais refusent de conclure le changement radical qui s’impose.
Pour sauver le pays et le peuple réunionnais, et finir avec la domination colonialo-impérialiste française, l’indépendance Nationale, avec rupture des liens de subordination avec la métropole s’impose plus que jamais.
Le 19 mars 2016
Pour le Mouvman Antikoloniyalis Réniyoné ( le M.A.R)
J. Claude Barret
LA réunion en etat d'urgences... climatique, la plage Mauricienne menacée. : la « guerre » écologique se poursuit.
RETROUVER LA PETITION du Collectif "Sov nou la Natir po nout zenfan" A L'ADRESSE SUIVANTE:
https://secure.avaaz.org/fr/petition/Lopinion_publique_un_mouvement_de_lutte_contre_les_consequences_du_changement_climatique/?frDrYjb&pv=3
L'organisation de la COP21 à Paris ouvre une nouvelle perspective dans la lutte contre la crise climatique. C'est, pour reprendre les propos du Président de la République, dans un style romanesque non dénué de vérité, « un choix pour l'avenir de l'humanité » et pour l'avenir de notre maison commune. Qu'en est-il pour la Réunion ? Qu'en est-il de notre position dans l'océan Indien, notamment avec nos voisins mauriciens? Avons-nous réellement pris la mesure de ce qui se joue ? Présentée comme un modèle à suivre en terme d’énergies renouvelables, notre île n’est pourtant pas épargnée. L’eau, par exemple, cette ressource de la Nature essentielle, gérée par Véolia, est gaspillée par milliers de mètres cubes à cause de la vétusté des réseaux de distribution. Les photovoltaïques défectueux d’EDF font les gros titres tandis que les chauffe-eau solaires défiscalisés n’ont pas profité aux plus démunis. Que dire des éoliennes, disséminées çà et là sur l’île ? De même, pouvons-nous, sous prétexte qu’il y a pire dans les pays pauvres, supporter la gestion actuelle des déchets dans notre pays ? Plus de 350 kg de déchets produits par habitant chaque année, alors que 6% seulement d’entre eux sont valorisés. Deux centres d’enfouissement saturent actuellement sur notre territoire, la population à proximité en subit les conséquences directes. Plus encore que les autres départements de l’Hexagone, l'île de La Réunion, comme l'ensemble des outremers français, est en première ligne sur le front de la lutte contre cette véritable crise de civilisation. D'abord, et c'est le premier argument de poids, par son insularité. C’est parce qu'elle se situe en plein Océan Indien que ce territoire est le plus exposé, notamment à la montée du niveau de la mer ; le littoral serait en partie submergé. D'ailleurs c'est sur le littoral que se concentre une grande partie de la population réunionnaise. Les outils administratifs tel que le PLU n'incluent pas en totalité le principe de précaution. Il n'y a qu'à regarder ici ou là la délivrance de permis de construire sur des zones classées inondables pour s’en apercevoir. Par sa typologie également, La Réunion est traversée par de nombreuses ravines qui, lors de phénomènes pluviométriques intenses, paralysent des pans entiers de réseaux de communication, ralentissant ainsi l'activité économique et la vie sociale. L'accentuation prévisible de l'intensité des phénomènes naturels dans la situation actuelle de l'île constitue l'état d'urgence climatique qui n'est pas pris en considération ou de manière peut-être trop secondaire par les pouvoirs publics. Pouvoirs publics qui, au contraire, comme c'est le cas de la Région, participent à la dégradation des conditions environnementales. Le projet de la construction d'une route sur l’océan, qui a fait les titres des médias nationaux, toutes tendances politiques confondues, porte en lui cette marque de l'homme sur la dégradation de son environnement que l'on nomme anthropocène. La destruction des barrières de corail, tout d'abord, montre le paradoxe des choix politiques. En effet, la nouvelle route du littoral construite sur l'océan entre en contradiction avec la volonté de l'actuel président candidat d'inscrire la route des baleines dans le patrimoine mondial de l'UNESCO. Le récif corallien et la route des baleines attendront. A cela s'ajoute la fragilisation des sols réunionnais, car pour combler l'océan il faudra des milliers de tonnes de rochers. Ces rochers retiennent les terrains agricoles et évitent les coulées de boues lors des intempéries.Les terres agricoles retenues par les andains seront fragilisées, les nappes phréatiques victimes de l'écoulement de ses eaux ne seront pas épargnées, les contaminant à leur tour. La Région réunion, face aux résistances populaires suscitées par l'évocation d'exploitation de carrières, a fait marche arrière en revenant par ailleurs sur ses propres prises de positions. En effet, il n'était pas question d'importer des roches venues de Madagascar. Pourtant, après le refus de l'autorisation de l'exploitation des carrières, c'est la décision qui a été prise. On l'a vu la mobilisation populaire a porté ses fruits. Preuve s'il en fallait que la mobilisation citoyenne et sa structuration peuvent être déterminantes dans le rapport de force qui s'installe entre la classe politique actuelle et les citoyens. Oui, d'autres victoires sont possibles. Cela n'enlève en rien le problème sanitaire, à peine le reporte-t-il quelque peu. En effet, quel impact de l'importation massive de roches sur l'environnement réunionnais ? En tout cas, nous sommes bien loin des promesses du candidat de 2010 qui se targuait de faire de l'île de la Réunion un territoire modèle en matière d'écologie. C'est là inévitablement son premier et plus cinglant échec. La Région Réunion n'est pas la seule à proposer des chantiers nuisibles à l'environnement, d'autres collectivités lui emboîtent le pas. Il en est ainsi notamment de certaines intercommunalités avec le projet des incinérateurs. Projet d'incinérateurs dont la nocivité est reconnue par les plus hautes instances européennes. Pour preuve la construction de ces derniers a fait l'objet d'une législation l'interdisant à l'horizon 2020. Le risque est avant tout sanitaire, par ses émissions de gaz et par ses résidus. Ils ne peuvent pas être détruits mais même réduits à l'état de particules, ces particules risquent d'infiltrer les nappes phréatiques, ainsi que l'herbe dont se nourrissent les animaux, eux-mêmes destinés à la consommation.Projet de non-sens ensuite, puisque son fonctionnement nécessitera des énergies fossiles, charbon et carburant dans un monde où ces ressources s'amenuisent, augmentant encore un peu plus les coûts de fonctionnement (facture énergétique), donc nos impôts (directs ou indirects par le jeu de reports budgétaires).Enfin, projet annihilant également toute constitution d'une filière professionnelle et formée de circuit de recyclage, de lutte contre la surconsommation et de lutte contre le gaspillage, de promotion du tri pour un meilleur usage de nos déchets, dans le cadre de ce que l'on appelle l'économie circulaire. Il ne faut pas non plus occulter le rapport idéologique entre capitalisme et environnement. Après l'avoir détruit et dégradé, le système tente de se relever au travers des notions et des concepts de croissance verte et d'une offensive politique consistant à financiariser l'environnement. Ainsi, sous couvert de lutte pour la préservation d'un environnement, l'institutionnalisation de sa protection se transforme en privatisation au profit d'une élite où les réunionnais sont dépossédés de leur propre territoire. Deux exemples, la gestion du parc national des hauts, qui restreint le travail des agriculteurs, installés dans les hauts avant même la classification de l'UNESCO, mais qui favorise les eco lodges important, encore une fois, un modèle économique venu d'ailleurs, pas forcément en adéquation avec la réalité territoriale et culturelle de notre département. Le deuxième exemple, la création ex nihilo d'un hôtel 5 étoiles sur le territoire Saint- Philippois dans une zone protégée (espèces végétales endémiques). Ici aussi une dépossession du territoire réunionnais au profit d'une privatisation d'intérêt économique. La sauvegarde de l'environnement et sa valorisation n'appartiennent plus, dans ces deux cas, aux citoyens réunionnais On le voit, l'île de la Réunion, déjà présentée en 2013, suite à la publication des travaux de l'INSEE, comme étant un département hors norme au point de vue économique et social, est également une île en proie directement à l'urgence climatique, grand enjeu de ce XXIème siècle naissant. Que faire ? Pour nous il s'agit de mettre en commun dans un nouveau contrat social et politique, citoyens, acteurs économiques et responsables politiques afin de promouvoir et de sauvegarder l'environnement, à l'image de ce qui se fait dans la gestion communale (compris au sens gestion partagée) des forêts. De plus nous souhaitons que soit réellement institué un véritable service public de l'environnement avec de véritables emplois verts qui permettront de diminuer le chômage, dans des cadres d'emplois valorisant et valorisés par l'apport qualitatif de protéger la nature. Ce sont les acteurs publics qui doivent les initier, avant même les investisseurs, en y incluant les citoyens. Il s’agit, en l'espèce, d’emplois dans l’agro-écologie, de postes dans la recherche et de formations sur les énergies véritablement propres. Il existe de nombreuses pistes, qui doivent être analysées et réfléchies dans le cadre d'une société que nous voulons nouvelle, dépassant le logiciel périmé du capitalisme financier, comme par exemple soutenir et développer la petite pêche traditionnelle et durable, protéger nos ravines et nos rivières des pollutions( seulement 17% des masses d’eau demeurent en « bon état écologique », comment s’étonner que la fête des bichiques ait lieu sans bichiques ? ), nos plages du bétonnage. La Natir la pa bézoin nou, nou la bézoin la Natir. Pourtant, le concept même de nature est dépassé. En effet les territoires tels que les différents types de forêts, l’océan, les animaux en voie de disparition ne sont pas représentés… Et pourtant c’est bien d’un tel Parlement dont nous aurions besoin alors même que les firmes les plus puissantes n’apparaissent que masquées ; elles relèveraient pour beaucoup du territoire de « l’Entreprise du pétrole » s’opposant à la délégation « Atmosphère ». Derrière ce rideau de cannes appelé « régime de paix apparentes » c’est bien d’une « guerre » dont il s’agit selon Latour ( Face à Gaïa, La Découverte). Face aux « archaïsmes coloniaux » dénoncés en 2009 par Edouard Glissant et ses camarades ( c.f Le manifeste de neuf intellectuels antillais pour "des sociétés post-capitalistes, Le Monde.fr, 16.02.2009 ), la décolonisation doit être totale. Décoloniser la culture par exemple, c’est aussi penser un féminisme créole propre à transformer les rapports sociaux de domination et d’exploitation qui trouvent ses valeurs, non pas dans les institutions, mais dans les hommes et les femmes réunionnais. La force que nous voulons déployer n’est pas cette volonté de puissance virile qui accompagne le capitalisme dans son agressivité : militarisation, brutalités policières, « rabattement de la sexualité sur la violence » (Marcuse ; 1974), destruction puis préservation de l’environnement. Inventer une nouvelle culture c’est aussi inventer un nouveau rapport à la terre. Or, notre poésie ne peut chanter la Nature sans penser à la production agricole et à sa maîtrise par les réunionnais qui doit trouver comme cadre l’écologie insulaire indispensable à notre devenir. Plantons sain pour que nos enfants mangent sain ! Respecter l’Etre-île c’est lui rendre sa dignité, qui est aussi la nôtre. Ecoutons le badamier qui est en nous, soyons banians, faisons grandir le manguier en nous. Devenons peuple-île avant qu’elle ne disparaisse : respirons ! Face à l'adversité c'est ensemble que nous devons faire front. Face à la mondialisation, c'est un internationalisme écologique qui doit émerger. Cette solidarité internationale nous pouvons l'exprimer avec nos camarades mauriciens dans la lutte pour la défense de leur plage. Ne fais pas à autrui ce que tu n'aimerais pas que l'on te fasse. Parce que habitants des îles et que nous refusons, ici, la privatisation des plages, nous, Réunionnais, Réunionnaises, réclamons que la plage de La Cambuse, plage populaire et abritant à proximité un patrimoine mondial, soit également protégée de l'appétit et de la bêtise capitaliste. C'est l'Océan Indien que nous voulons pour nos enfants, coopératif, solidaire et uni face à l'adversité climatique et capitaliste. La complexité et l'enchevêtrement des relations humaines font de ce problème majeur de crise climatique, la priorité de notre propre subsistance en tant qu'être vivant. Au nom de ce droit de vivre dans un environnement digne, défini dans la charte de l'environnement de 2004 et compris dans la notion, certes galvaudée, de développement durable, la solution doit venir des citoyens par une mobilisation forte et pérenne et par la prise de conscience que ce monde ne nous appartient pas, il est un héritage de ceux qui nous ont précédés et que l'on se doit de transmettre à ceux qui nous suivront. Ile de la La Réunion, 5 décembre 2015
A DECOUVRIR:
RASSINE MONMON PAPA... LE FILM
a voir en metropole et bientot a la reunion
http://rassinemonmonpapa.jimdo.com/
qui sommes nous ?
Nous sommes anticolonialistes et révolutionnaires. Voici ce que cela signifie :
Nous voulons préparer l'indépendance économique et énergétique de la Réunion.
Pour cela nous estimons nécessaire de lutter contre la domination économique et culturelle de l'Etat français et la domination du capital international.
Une terre colonisée est une terre où l'usage de la force, puis le pouvoir de l'argent, dictent le comportement social, économique et culturel de ses habitants.
Nous nous sentions lésés par les décisions politiques, toutes tendances confondues, et nous ne pouvons plus supporter que nos idées, celles qui s'expriment dans la rue, fassent perpétuellement l'objet de récupération au niveau politique. Le pouvoir en place ne nous comprend pas. Nous nous ferons comprendre.
Nous voulons un système qui nous ressemble et nous l'inventerons.
Un individu seul, même élu, ne peut pas inventer un système juste pour tous. Alors nous tous, nous inventerons un système juste pour chaque réunionnais et chaque réunionnaise car nous nous écouterons les uns les autres.
En cela nous disons que les politiciens en place ne sont TOUS que les portes drapeaux de l'Empire, et qu'en les rejetant, eux, leurs idées et leurs méthodes, nous rejetons la dictature impériale.
Alors, nous refusons que la Réunion importe d'avantage de biens qu'elle n'en produit. Nous refusons que la canne à sucre à elle seule représente le socle économique de l'île, au profit d'une infime minorité que le droit de propriété protège, au détriment de la raison et de la nature.
Nous refusons que la Réunion deviennent la résidence secondaire d'individus, qu'elle que soit leur origine, à qui rien ne manque et qui ne peuvent admettre que ce qu'ils ont en trop, c'est à nous qu'il le manque...
Nous mènerons notre combat contre la pensée coloniale, contre la dictature de l'argent. Nous construirons la Réunion à notre image, non à celle de vendeurs de poudre aux yeux et des dealer de sucre, des semeurs de pesticide, des censeurs de la Raison et de l'Intelligence.
Nous voulons un logement pour chaque famille et une assiette sur chaque table.
Puisqu'à la Réunion nos terres sont occupées par les marchands de rhum et les promoteur immobiliers, puisque la politique en place nous prive de l'usage de notre propre terre, alors nous la revendiquerons.
Considérant que les politiciens oeuvrent d'avantage au service des investisseurs qu'à celui des électeurs,
Considérant le manque d'imagination au service du bien dont nos chers élus savent définitivement faire preuve,
Considérant que l'esclavagisme n'a jamais été véritablement aboli,
Nous avons décidé d'oeuvrer nous-mêmes à notre propre politique.
Nous récupèrerons nos droits, nos terres et notre liberté... Car nous sommes créatifs...